Le président a annoncé mardi son plan de soutien de l’industrie automobile française durement touchée par la crise sanitaire, avec l’objectif de faire du pays le premier producteur de «véhicules propres» en Europe.
Emmanuel Macron s’est rendu ce mardi après-midi dans une usine Valeo à Etaples (Pas-de-Calais), pour dévoiler une série de mesures destinées à soutenir la filière automobile après deux mois de mise à l’arrêt. Dans la matinée, il avait échangé à l’Elysée avec Jean-Dominique Sénart, le PDG de Renault, puis avec une trentaine de responsables de la filière automobile sur les mesures à prendre pour sortir du marasme cette filière, qui représente 400 000 emplois directs et 900 000 au total. Ce qu’il faut retenir des annonces.

«Première nation productrice de véhicules propres»
«L’Etat apportera un peu plus de 8 milliards d’euros d’aide au secteur», a déclaré Macron lors de sa visite chez l’équipementier. Il a annoncé l’objectif de «faire de la France la première nation productrice de véhicules propres en Europe en portant à plus d’un million par an sous cinq ans la production de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hybrides» dans le pays.

Bonus écologique et prime à la conversion
Pour relancer les ventes, qui ont dégringolé durant la crise, Emmanuel Macron a annoncé une hausse du bonus écologique à 7000 euros pour l’achat de véhicules électriques par les particuliers et à 5000 euros pour les entreprises, ainsi que la création d’un bonus de 2000 euros pour les hybrides rechargeables. Est également prévu un renforcement du dispositif de prime à la conversion qui bénéficie aux ménages modestes pour l’achat d’un véhicule neuf contre la mise à la casse d’un vieux véhicule. «Un particulier qui met au rebut son véhicule polluant diesel ou essence» recevra une aide de 3000 euros, augmentée à 5000 euros en cas d’achat d’un véhicule électrique, a-t-il expliqué. Selon le chef de l’Etat, les «trois quarts des Français seront éligibles», la mesure s’appliquant à un revenu fiscal de référence inférieur à 18 000 euros net.

Pressions sur Renault
«Il s’agit d’un plan de défense de notre emploi industriel, qui va être confronté à l’une des plus graves crises de son histoire. Il s’agit d’un plan de souveraineté industrielle automobile, qui a vocation à relocaliser de la valeur ajoutée […] Et il s’agit donc bien d’un plan d’avenir de l’automobile, du XXIe siècle», a insisté le chef de l’Etat. Il a précisé que le plan de relance franco-allemand d’environ 500 milliards d’euros, qu’il a présenté la semaine dernière avec Angela Merkel, avait «vocation à soutenir les secteurs les plus en difficulté» comme l’automobile.
Emmanuel Macron a réclamé au constructeur Renault que «l’ensemble des salariés (des sites) de Maubeuge et de Douai puissent avoir toutes les garanties sur leur avenir» au sein du groupe alors que les inquiétudes montent dans les Hauts-de-France. Le prêt de 5 milliards d’euros garanti par l’Etat promis au constructeur «ne saurait être consenti» avant que «n’aboutissent» les négociations qui doivent débuter lundi autour du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, a-t-il averti. Le groupe au losange doit dévoiler vendredi les contours d’un plan d’économies de deux milliards d’euros, annoncé en février.

Programme européen de batteries électriques
Le chef de l’Etat a aussi annoncé que Renault avait accepté «de rejoindre le programme européen de batteries électriques» porté par le concurrent PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et le groupe Saft, filiale de Total. Renault va «rentrer au capital et développer aussi le projet», a déclaré Macron. Cette décision fait partie des engagements exigés par l’Etat français afin de promouvoir la production en France, en contrepartie des aides apportées à la filière.