Ses sessions en direct réunissent au quotidien plus de 40 000 personnes sur les réseaux sociaux. Dimanche, Bob Sinclar diffusera son dernier live, dévoilera un single créé de toutes pièces pendant le confinement et fêtera par la même occasion son 51ème anniversaire.

Bob Sinclar. J’étais à Dubaï pour un DJ set et, pendant la soirée, le gouvernement local a annoncé que ça serait la dernière pendant les mois à venir. Je suis rentré à Paris et le confinement est tombé quelques jours après. La vraie punition pour moi a été de renoncer au tennis !

Comment est né cette idée du direct d’une heure chaque jour sur les réseaux ?
J’ai la chance de vivre à deux pas de mon studio, j’ai décidé d’en profiter pour classer mes 35 000 vinyles par ordre alphabétique. Rapidement, j’ai eu envie de sélectionner une quinzaine de morceaux au hasard et de les diffuser via une session en live sur les réseaux sociaux. J’ai grandi à l’époque des radios pirates et des émissions de télé où la liberté d’expression et l’authenticité étaient célébrées. Nous regardions les émissions comme «Les Enfants du rock» le samedi soir avant d’aller danser au Palace. Je m’en suis inspiré pour mes lives : chaque jour, je fais ce que je veux. Si les gens aiment tant mieux, s’ils n’aiment pas, tant pis. Après tout, je ne suis pas obligé de les faire danser. Il m’arrive de me sentir frustré dans les clubs où je ne peux pas me faire plaisir et passer les morceaux qui me font vibrer. Sur les réseaux, je me permets des trucs de dingue et le public a répondu présent. La musique que je choisis est très nostalgique et les auditeurs y trouvent du réconfort. Je goûte de nouveau à la liberté absolue. Le troisième live – une session funk – a été vu par 6,6 millions de personnes. La machine était en route.

A quoi ressemble votre quotidien ?
Les sessions de musique en live rythment mon confinement. A l’origine, j’avais choisi l’horaire (14 heures) afin de me lever tard et profiter de l’après-midi pour composer des musiques et regarder un film. Evidemment, rien ne s’est passé comme prévu. Aujourd’hui je travaille 16 heures pour préparer la session du lendemain. J’ai reproduit et retouché 880 titres. Au cours des dernières semaines, je suis revenu à la fonction première du DJ : faire découvrir de la musique aux gens. Depuis 55 jours, je vis un moment artistique extraordinaire.
“Il y aura une envie de faire la fête monstrueuse après”

Comment envisagez-vous l’après ?
De Saint-Tropez à Ibiza les gens ne danseront pas cet été. Cela dit, les clubs vont quand même ouvrir leurs portes à un moment… J’espère, sinon je suis au chômage ! Il y a un million et demi de personnes qui vivent du divertissement et de la culture en France, que vont-elles faire ? Une fois le virus entériné, je souhaite que nous puissions retrouver une normalité. Il y aura une envie de faire la fête monstrueuse et je serai là en première ligne !
Quelque chose vous a manqué particulièrement durant cette période ?
Grâce à ces sessions en live, je n’ai pas vu le temps passer.

La première chose que vous ferez à la fin du confinement ?
Je vais entrer en confinement pour me reposer (rires). Je vais promouvoir mon nouveau single «On My Way» avec Omi dont la sortie est prévue fin mai. Nous l’avons créé aux cours des dernières semaines, donc la prochaine étape sera de produire un clip fait maison, façon système D.

Que retenez-vous de cette période ?
J’ai été surpris par le manque d’organisation de la France. Nous, grande puissance européenne, avons été désarmés devant ce virus. Nous étions en pénurie de gel hydroalcoolique et de masques – fallait le faire ! Cela dit, je suis admiratif du courage de mes concitoyens. Les Français ont fait preuve de beaucoup de courage et de solidarité. Nous sommes un peuple de résistants. Dans les moments difficiles, nous serons toujours des patriotes.