Les chiffres livrent un constant inquiétant. Depuis le début de la crise sanitaire, l’Association d’Aide aux personnes en Difficulté (AMD) de Versailles est passée, lors de ses distributions du jeudi et du samedi dans la ville royale, d’une cinquantaine de familles servies à une bonne centaine. « C’est bien simple, dix familles nouvelles arrivent chaque semaine et les gens viennent de partout », commente la présidente, Dominique Debesse, qui n’a « jamais vu » une telle affluence dans son local de distribution du 1, rue Jean-Jouvenet, dans le quartier Clagny.

« Des signaux d’alerte inquiétants »
Chaque famille bénéficiaire reçoit l’équivalent d’un colis par personne, en fait un sac de supermarché rempli notamment de produits frais (viande, fruits, légumes, laitages) mais aussi de pain, eau, viennoiseries.
« Nous avons quelques signaux d’alerte inquiétants. Les gens ont de moins en moins d’argent. Ainsi, beaucoup n’arrivent plus à payer les 3,50 € que nous demandons par colis à titre de forfait », confie la présidente d’AMD. L’association ne refuse d’aide à personne pour autant.

Ce triste constat oblige l’association à mettre en place une opération de collecte. Celle-ci porte essentiellement sur neuf produits de première nécessité *. « A cette époque de l’année, nous lançons normalement une telle collecte pour faire le joint avec la grande que nous faisons en novembre (NDLR : 20 tonnes récupérées auprès des particuliers à la sortie des supermarchés). Mais celle-ci n’a rien à voir. Nous n’avons, par exemple, pratiquement plus de riz en réserve et les besoins sont énormes pour satisfaire les familles », explique Philippe Domergue, le secrétaire d’AMD.

Des dons peuvent être déposés à l’adresse d’un particulier
AMD a changé les règles pour cette collecte puisque les supermarchés ne permettent pas actuellement une telle démarche. « Les gens doivent déposer les denrées en un point fixe chez un particulier, où nous les récupérons en respectant parfaitement les règles de sécurité sanitaire. Il suffit de les laisser et de s’en aller », poursuit Philippe Domergue.
AMD a mobilisé très largement tous ses réseaux, dont les sept paroisses du Chesnay-Rocquencourt et de Versailles, avec l’espoir de toucher jusqu’à 20 000 personnes.

L’une des particularités d’AMD, c’est que 90 % de ses bénévoles se trouvent être eux-mêmes des bénéficiaires de ses bienfaits. Ces derniers sont, parfois très tôt sur le pont, pour aller récupérer les invendus avec un camion antédiluvien dans les hypermarchés du secteur (Auchan Vélizy ou Leclerc Bois-d’Arcy) sans compter celles, exceptionnelles depuis le confinement, en provenance des cantines scolaires, restaurants traditionnels et d’entreprise.

Elle vit également sans la moindre subvention, ce qui est plutôt rare dans l’univers associatif de la solidarité. Tous les produits, non distribués ou non conservables, sont redistribués à Paris auprès de l’association Livreurs d’Espoir qui, avec eux, constitue plus de 1 200 repas par jour.

* Riz, huile, chocolat en poudre et en tablette, conserves de poisson (thon, sardines), lait 3e âge de croissance, couches taille 4/5/6, confitures achetées ou maison et gants taille moyenne pour servir. Les produits peuvent être déposés au 28, rue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, à Versailles, tous les jours (sauf le dimanche), de 9 heures à 19 heures.

Des masques de protection dans ses colis alimentaires
Lors des ramasses dans les hypermarchés, AMD avait récupéré au fil du temps 25 000 masques FFP 2 datant de l’époque du virus H1 N1 en 2009-2010. Ceux-ci dormaient dans ses stocks lorsque l’épidémie actuelle est survenue. Avant de les donner, l’association a vérifié auprès de son fabricant leur bon état de marche. « Comme ils nous ont rassurés, nous en avons donné 7 000 au Centre hospitalier André Mignot puis 13 000 autres à des Ehpad et établissements hospitaliers de Versailles », indique Philippe Domergue.
L’association s’en est réservée 5 000 pour son propre usage. En fait, un masque est donné dans chaque colis alimentaire et AMD a pu aussi, depuis le début du confinement, assurer ses distributions en respectant les règles sanitaires.