La situation du coronavirus s’aggrave dans le Grand Est. Selon le dernier bilan connu daté du mardi 17 mars 2020 communiqué par l’Agence Régionale de Santé (ARS), il y a désormais 1 820 personnes confirmées biologiquement positives au coronavirus-Covid 19 dans le Grand Est depuis le début de l’épidémie. Dont 376 cas dans le Bas-Rhin et 700 dans le Haut-Rhin.

Les équipes médicales et les personnels soignants sont pleinement mobilisé et très sollicités notamment à Strasbourg (Bas-Rhin). En première ligne, les infirmières et infirmiers, dont le constat est alarmant : la situation se dégrade.

Voici leurs témoignages:

« Un petit mot du front »

« Un petit mot du front », c’est en ces termes qu’une infirmière du CHU de Hautepierre à Strasbourg débute un message adressé à ses proches sur son compte Facebook. Elle explique ensuite que le nombre de patients atteints du Covid-19 ne cesse d’augmenter ce qui pose de réels problèmes de prise en charge.
Les hôpitaux de Strasbourg finissent par manquer de place et de matériels, « nous faisons face à un nombre important de patients face à un nombre limité de lits et nous n’avons plus assez de respirateurs » ce qui oblige les médecins à « choisir » les cas prioritaires pour l’accès « aux matériels de survis », déplore cette infirmière affectée au service d’urgence en chirurgie digestive.
Pour le moment notre service essaie de séparer les patients contaminés des autres, car il ne faut pas oublier que nous avons aussi d’autres urgences à gérer. Nous utilisons une unité de soins comme annexe pour les gens « non atteints » par le Covid. Mais les places vont coûter chères et vont être hyper sélectionnées.

« Nous tenons le choc pour le moment »

Enchaînant les gardes la jeune femme est épuisée, comme la majorité de ses confrères. Une jeune infirmière strasbourgeoise avoue d’ailleurs que la situation est très difficile à gérer : « la prise en charge de ces patients est compliquée tant au niveau physique qu’émotionnel mais nous tenons le choc pour le moment ». Ajoutant,
Je travaille dans un service de gériatrie spécialement dédié aux patients Covid-19 positifs. Malheureusement nous avons déjà eu plusieurs décès, les visites n’étant pas autorisées, ils sont donc seuls, le seul contact avec leurs proches étant le téléphone lorsqu’ils sont encore « conscients ».
Dans son service le manque de matériel se fait également sentir « nous n’avons plus les bonnes blouses, qui sont imperméables, car il y a une rupture de stock, et à ce que j’ai entendu en réanimation c’est le même problème ». Ils sont ainsi davantage exposés au risque de contamination.
Mon colocataire également infirmier mais en dialyse, des personnes donc fragiles),vient de me dire qu’ils n’ont plus assez de masques et qu’ils doivent garder le même masque pendant deux à trois jours. Ce n’est pas facile à vivre au quotidien. Mais je pense que les plus à plaindre sont les services de réanimations et d’urgences.

Du « tri de guerre » à cause des urgences saturées

En plus du manque de matériel, les soignants font un autre constat, les urgences sont saturées, comme l’explique cette infirmière du Nouvel hôpital civil de Strasbourg :
Trop de gens viennent aux urgences sans réels symptômes, malheureusement on ne peut pas accueillir tous les nez qui coulent. Il faut vraiment rester chez soi, même avec de légers symptômes. En plus les gens viennent là ou ils ont le plus de chances d’être contaminés.
Elle insiste « tant que vous n’avez a pas de difficultés à respirer, de toux pire que d’habitude, et de fièvre violente, vous devez rester chez vous et prendre du doliprane et si seulement cela s’aggrave il faut appeler le SAMU ». Sans quoi les services d’urgences seront saturés.
À la base ce service permet d’accueillir 30 personnes reparties dans « 15 box », mais dans cette situation les patients sont isolés ainsi « nous n’avons que 15 places ».
Les réanimations sont pleines à craquer, et si on endigue pas la flambée des cas en restant chez soi, on pourra plus accueillir les cas très graves…. ce qui amènera à du tri de guerre.

« Restez chez vous »

L’infirmière en service d’urgence en chirurgie digestive tient à sensibiliser le plus grand nombre à l’urgence à laquelle fait face les Hôpitaux de Strasbourg, « nous vivons en France ce qu’il s’est produit en Italie, j’appelle à la responsabilité de chacun évitez les regroupements, apéritifs, piques-niques et fêtes entre amis ».

En définitive, le confinement permet de sauver des vies et de soutenir le personnel hospitalier submergé par la recrudescence de cas de contamination : « restez chez vous ».

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