Anticipant une récession brutale en 2020, avec une chute du PIB de 6 %, le gouvernement français a annoncé, jeudi, qu’il doublerait le montant de son plan d’urgence. “Le redressement économique sera long, difficile et coûteux”, a prévenu le ministre de l’Économie.

Conséquence de la pandémie de coronavirus, le gouvernement prévoit désormais que le produit intérieur brut (PIB) français chute de 6 % cette année avec une explosion du déficit public à 7,6 %. C’est ce qu’ont annoncé, jeudi 9 avril, les ministres de l’Économie Bruno Le Maire et des Comptes publics Gérald Darmanin dans un entretien accordé aux Échos.

“Il s’agit de la plus grande récession en France depuis 1945. Des inconnues demeurent et cette prévision peut encore évoluer, notamment s’agissant de la durée du confinement et des modalités de sortie”, a souligné Bruno Le Maire, qui table aussi sur une reprise “progressive”.
Cette nouvelle prévision sera intégrée au projet de loi de finances rectificative présenté la semaine prochaine en conseil des ministres. Il sera examiné dans la foulée au Parlement.

Chaque semaine de confinement pèse un peu plus sur l’activité des entreprises et aggrave la récession. Cet effondrement de 6 % du PIB correspondrait ainsi à un confinement de deux mois, soit jusqu’à la mi-mai, selon les estimations de l’Insee.

Un plan d’urgence relevé à 100 milliards d’euros

“L’impact économique, il est massif, il est très négatif, il est brutal et il va susciter en France comme partout dans le monde un choc économique que chacun imagine mais dont personne ne sait encore la totalité de l’impact”, avait mis en garde mercredi le Premier ministre Édouard Philippe.
Pour affronter cette crise sanitaire et économique inédite, le président de la République a donné le mot d’ordre : le gouvernement soutiendra les entreprises et les salariés “quoi qu’il en coûte”.
Face au besoin de soutien croissant des entreprises, le gouvernement va plus que doubler le plan d’urgence de 45 milliards d’euros annoncé le mois dernier.

Il passera à 100 milliards d’euros, a annoncé Bruno Le Maire, intégrant donc plus de moyens pour le chômage partiel — 20 milliards au lieu de 8,5 milliards initialement provisionnés — et les reports de charges, désormais limités aux entreprises les plus en difficulté.

Le fonds de solidarité créé pour les très petites entreprises voit lui sa dotation passer de 1 à 6 milliards d’euros, pour répondre à l’afflux de demandes et à l’assouplissement des conditions d’attribution.

L’urgence étant toujours à la crise sanitaire, l’enveloppe de dépenses “exceptionnelles” pour la santé passe, elle, de 2 à 7 milliards d’euros. Elle financera notamment les 4 milliards d’euros d’achats de matériels promis par Emmanuel Macron et la revalorisation des salaires des personnels soignants.

Le projet de budget rectifié prévoit également des primes pour les personnels soignants et certains fonctionnaires, dont les montants sont encore “en arbitrage”.

Explosion de la dette

Conséquence de cette récession et du renforcement des mesures de soutien, le déficit public va grimper à 7,6 % du PIB et la dette publique exploser à 112 % cette année, ont prévenu les ministres.

“Cette dette répond à un impératif : éviter les faillites d’entreprises et le naufrage de notre économie”, a défendu Bruno Le Maire.
Ce budget rectifié, consacré à l’urgence, ne comprend pas encore de mesures de relance de l’économie, en vue de la sortie de crise.

Mais Bercy travaille déjà sur le volet économique de la stratégie de déconfinement, qui sera choisie.
Le ministre de l’Économie indique avoir “engagé un travail avec toutes les filières” sur des “modalités de déconfinement pour chacune d’entre elles”.

Il prévient toutefois que la reprise sera “progressive”, à l’exemple de ce qui se passe en Chine. “Le redressement économique sera long, difficile et coûteux”, insiste-t-il.
Un peu plus tôt jeudi, l’Insee avait elle aussi estimé que le retour de l’activité à son niveau normal “prendra du temps”.