La tension reste vive à Yopougon, grand quartier populaire d’Abidjan, où de nouveaux affrontements ont eu lieu lundi entre forces de l’ordre et habitants qui y refusent la construction d’un centre de dépistage du coronavirus, estimant qu’il se trouvait trop proche des habitations.
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De nouveaux affrontements ont eu lieu, lundi 6 avril, à Yopougon, grand quartier populaire d’Abidjan, entre forces de l’ordre ivoiriennes et des habitants qui y refusent la construction d’un centre de dépistage du coronavirus.
Dimanche soir, des habitants de Yopougon avaient déjà protesté, s’en prenant au chantier du centre de dépistage.

Les policiers anti-émeutes ont tiré des grenades lacrymogène et démantelé des barrages sur la route. “Il y a eu 12 arrestations”, a précisé lundi une source policière .
Les habitants du quartier sont sortis en nombre dans la rue pour protester. “On ne veut pas de coronavirus ! On n’en veut pas aujourd’hui, on n’en veut pas demain ni après-demain !”, hurlait une femme qui a souhaité garder l’anonymat. “Ils veulent imposer un vaccin à la population ! Nous ont dit ‘non’ !” affirmait pour sa part un autre habitant.

Sur des vidéos circulant depuis dimanche sur les réseaux sociaux, on voit plusieurs dizaines de personnes au moins en train de démanteler un chapiteau en construction, certaines criant : “On veut pas !”.

 

Le préfet d’Abidjan Vincent Toh Bi s’est rendu sur place et a tenté d’expliquer qu’il s’agissait d’un centre de dépistage local, comme il en est prévu ailleurs et qu’il n’y aurait pas de transferts de malades à Yopougon, comme des rumeurs l’ont laissé entendre.
C’est la première fois que des incidents violents liés à l’épidémie du coronavirus sont signalés en Côte d’Ivoire, encore relativement peu touchée, selon le bilan officiel qui faisait état dimanche de 261 cas et trois décès.

Cependant, les autorités ivoiriennes craignent une propagation de l’épidémie, et sont en train d’augmenter les capacités de soins et de dépistage.
Des mesures strictes ont été prises pour lutter contre l’épidémie : mise en quarantaine de la capitale économique Abidjan, coupée du reste du pays, couvre-feu nocturne sur tout le territoire, fermeture de tous les commerces non essentiels, des écoles et des lieux de culte, interdiction des rassemblements. Mais pas de confinement général jusqu’à présent.

Le gouvernement a annoncé la semaine dernière un vaste plan de soutien de 1 700 milliards de francs CFA (2,6 milliards d’euros), pour faire face aux conséquences économiques et sociales de l’épidémie, prévoyant que la croissance devrait être en forte baisse.