Totalement intégré dans ce gigantesque pays, il est installé dans la capitale du Sichuan. Bien entendu, Victor conserve des liens forts avec l’Hexagone malgré les 8500 kilomètres de distance et 6 heures de décalage horaire. « Dès le début de l’épidémie en France, j’ai voulu apporter mon soutien. Je connais bien mon père. Il a la bougeotte et tout le temps envie de sortir donc j’ai commencé mes colis pour lui et pour ma mère, fin mars », explique-t-il. Ensuite, cela s’est poursuivi avec les frères, anciens professeurs puis les amis. Et ses envois ont essaimé bien au-delà de Versailles et de ses alentours.

« C’est comme une norme »
Quelques mails de remerciement lui sont d’ailleurs parvenus de personnes totalement inconnues de lui. « J’ai été touché par cette attention mais, pour moi, il est naturel de faire des dons de matériel utile à tous », précise encore Victor.
Tout a commencé au début de l’année. Victor et son épouse partent en vacances en Thaïlande, fin janvier lors des congés du Nouvel An Chinois. Avant de décoller, la situation est calme mais tout le monde est déjà invité à adopter le masque. Au retour, ce n’est déjà plus pareil. Contrôle à l’aéroport de la température puis, c’est le confinement. Strict.
Depuis fin mars, c’est à peu près le retour à la normale dans sa ville. « Ici, il n’y a toujours pas d’école mais il fait beau avec le printemps. Les enfants sortent, jouent au skate ou pêchent dans les étangs. Toutefois, tout le monde porte un masque. C’est comme une norme. À la mi-avril, dans une ville comme Chengdu (NDLR : 14 millions d’habitants), il n’y a, à ma connaissance, qu’un seul cas de coronavirus connu. Donc ça marche », recense Victor.
Alors à quelques jours du début du déconfinement ici, il n’a « qu’une seule chose à dire aux Français : portez des masques ! » « Il ne faut pas avoir honte ou penser qu’on passe pour quelqu’un de malade en se couvrant le visage », insiste-t-il.

« Les Chinois ont peut-être plus le sens du collectif »
Victor rappelle qu’en Chine, « se protéger est naturel » car selon lui, les gens y ont « peut-être plus le sens du collectif. » « En ce moment, tout le monde retourne travailler et le mieux, c’est vraiment de se détourner des éventuels postillons », remarque celui qui raconte une vie « bien réglée » autour de « vraies mesures de sécurité sanitaire. »

Ainsi, la température de chacun est prise quand on rentre et sort d’un immeuble par les gardiens. Pareil dans les supérettes de quartier même si cela se calme un peu. « En tout cas, pas dans les plus grands centres commerciaux où la vigilance est encore extrême », précise l’expatrié.

La Chine a aussi mis au point des applications pour les téléphones. Elles prennent la forme d’un QR code qui réagit en vertu des couleurs : vert signifie qu’on est en Chine depuis au moins 14 jours et qu’il n’est pas nécessaire d’être dépisté, rouge veut dire que quelqu’un dans notre entourage a été contaminé et que vos mouvements sont limités avec dépistage à la clé.

Le virus serait-il vraiment parti de Chine? « J’ai des amis français à Wuhan. Je peux dire une chose. Ils n’ont jamais vu de chauve-souris au marché et n’en ont évidemment pas mangé. Pareil pour les pangolins. Ma femme chinoise dit la même chose. Alors on parle d’un laboratoire d’où serait sorti le virus. Je ne sais vraiment pas », conclut-il.
En tout cas, pour les masques, il se veut pédagogique. « Je suis optimiste. Ici, on en sort un peu et ce sera pareil en France au bout d’un moment. L’hiver prochain, il faudra voir en période de gastro et de grippes si les gens mettent des masques, dans les transports parisiens par exemple. Cela peut devenir complètement naturel. »

(Le Parisien)