La pandémie a fait plus de 8 000 morts et 200 000 contaminés dans le monde. La BCE a annoncé mercredi débloquer 750 milliards d’euros pour racheter de la dette.

L’Europe, nouveau foyer principal de la pandémie

La pandémie due au coronavirus comptait plus de 200 000 cas dans le monde, selon un décompte de l’Agence France-Presse mercredi 18 mars, et a déjà fait plus de 8 000 morts. Avec 684 nouveaux morts ces dernières 24 heures pour un total de 78 766 cas, l’Europe reste le continent où la pandémie progresse le plus rapidement : 3 422 morts étaient recensés en Europe, soit plus qu’en Asie (3 384).
La pandémie a tué 475 personnes en Italie dans les dernières vingt-quatre heures, le pire bilan enregistré dans un seul pays en une journée, a annoncé la protection civile. Désormais, ce sont près de 3 000 personnes qui ont perdu la vie, un bilan très proche de celui de la Chine (plus de 3 200 morts), d’où est partie la pandémie.

Les autres pays les plus touchés sont l’Iran, avec plus de 1 135 morts (plus de 17 161 cas) ; l’Espagne, avec plus de 600 morts (plus 13 700 cas) ; et la France, avec au moins 264 décès comptabilisés (au moins 9 130 cas).

La BCE débloque 750 milliards pour acheter de la dette, Macron appelle à la « solidarité financière » de la zone euro

La Banque centrale européenne a annoncé mercredi soir le déblocage d’une enveloppe de 750 milliards d’euros destinés à des rachats de dette publique et privée pour tenter de contenir les répercussions sur l’économie de la pandémie de coronavirus. Ces rachats, venant au-delà de l’enveloppe supplémentaire de 120 milliards d’euros pour 2020 décidée six jours auparavant, se feront d’ici à la fin de l’année, a précisé l’institution dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion téléphonique du conseil des gouverneurs.
« Plein soutien aux mesures exceptionnelles prises ce soir par la BCE », a réagi Emmanuel Macron sur Twitter dans la nuit de mercredi à jeudi. Le président français a par ailleurs appelé les Etats de l’UE à prolonger l’aide exceptionnelle de la Banque centrale européenne (BCE) à l’économie par « une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro ». « A nous Etats européens d’être au rendez-vous par nos interventions budgétaires et une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro. Nos peuples et nos économies en ont besoin », a-t-il ajouté sur le réseau social, sans préciser par quels mécanismes cette « solidarité » pourrait être renforcée.

L’Union européenne se cloisonne

Les frontières à l’entrée de l’Union européenne (UE) et de l’espace Schengen sont en passe de fermer. Les dirigeants européens se sont retrouvés, mardi, pour décider des détails de la fermeture des frontières extérieures. Les Vingt-Sept ont acté, en sommet extraordinaire par visioconférence, l’interdiction pendant trente jours des entrées de personnes n’appartenant pas au bloc.
Jusqu’à présent, dix pays membres de l’UE ou de l’espace Schengen ont introduit des fermetures partielles ou totales à leurs frontières. Certains comme l’Italie, l’Espagne, la France ou la Belgique ont opté pour un confinement de la population, tandis que les Pays-Bas excluent une telle solution. Le Portugal, qui s’apprête à décréter l’état d’urgence, a confiné une première ville et pourrait rapidement étendre la mesure au reste du pays. En Allemagne, la population est appelée à « rester à la maison » et à renoncer aux vacances.
En Grèce, où le coronavirus a fait cinq morts et 387 cas, le ministère des migrations a imposé des mesures de confinement dans les camps de migrants pour contenir le coronavirus, une « bataille » qui pourrait durer deux mois selon le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis.
Lire notre reportage : dans les capitales européennes, des métros vides, des poèmes et des fleurs pour égayer le confinement

Le coronavirus, « plus grand défi depuis la seconde guerre mondiale »

La lutte contre le coronavirus constitue « le plus grand défi » qu’ait connu l’Allemagne depuis la seconde guerre mondiale, a estimé mercredi Angela Merkel.
« Depuis la réunification allemande, non, depuis la seconde guerre mondiale, il n’y a pas eu de défi pour notre pays qui dépende autant de notre solidarité commune », a déclaré la chancelière dans une adresse télévisée aux Allemands, une première pour elle.

Trump va recourir au « Defense production act »

Donald Trump a déclaré mercredi qu’il se considérait « comme un président en temps de guerre ». « C’est une guerre que nous menons, c’est une situation très très difficile », a-t-il affirmé, l’épidémie ayant déjà fait 100 morts dans le pays. Le président a annoncé qu’il allait recourir au « Defense Production Act », une disposition qui permettra à son administration de faire accélérer la production des équipements nécessaires à la lutte contre l’épidémie due au coronavirus.
L’administration Trump a demandé mercredi au Congrès d’approuver le versement de 500 milliards de dollars (461 milliards d’euros) aux contribuables américains, à compter du 6 avril. Il a aussi ordonné la « suspension » des expulsions et des saisies immobilières jusqu’à fin avril. Le secrétaire américain au trésor, Steven Mnuchin, a brandi devant les sénateurs républicains la menace d’un taux de chômage de 20 % si un gigantesque plan de relance économique n’était pas adopté pour amortir l’impact de l’épidémie.

Le Royaume-Uni change de ton

Fin de l’exception britannique : Boris Johnson a annoncé lors de sa conférence de presse désormais quotidienne que les écoles anglaises fermeraient vendredi après la classe, alors que le nombre de décès a progressé de 30 % dans le pays en 24 heures, passant à 104 morts.
La situation n’était de toute façon plus tenable : un peu plus tôt dans la journée l’Ecosse et le Pays de Galles avaient déjà annoncé la fermeture de leurs écoles et crèches pour vendredi. Et en Irlande du Nord, les autorités étaient de plus en plus partagées, alors que l’Irlande avait, elle, pris cette décision dès lundi dernier, comme de nombreux autres pays européens
La veille, face au risque d’un scénario cauchemardesque établi par des scientifiques prévoyant plus de 250 000 morts, le gouvernement a soudainement changé de ton, demandant à la population d’éviter tout contact social et tout déplacement « non essentiel ».

Partout dans le monde, fermetures de frontières, confinement ou restrictions de déplacement

 

Au Proche-Orient, l’Iran, l’un des pays le plus touchés après la Chine, a annoncé, mercredi, 147 décès supplémentaires, ce qui porte à 1 135 morts le bilan officiel de l’épidémie. Selon le porte-parole du ministère de la santé, Kianouche Jahanpour, plus de 1 192 nouveaux cas de contamination ont été confirmés au cours des dernières vingt-quatre heures. « Cela porte le nombre total des cas confirmés à 17 161 personnes », a-t-il déclaré.

En Afrique, l’OMS a appelé le continent à se « préparer au pire (…) dès aujourd’hui » alors que la maladie se propage et les mesures de restrictions sont, selon elle, insuffisantes. Le coronavirus a aussi fait un premier mort en Afrique subsaharienne, au Burkina Faso. La Tunisie a instauré, mardi soir, un couvre-feu de 18 heures à 6 heures du matin afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus dans le pays où 24 malades ont été identifiés, en majorité venus de France et d’Italie, et aucun décès n’a été officiellement répertorié. Le Sénégal et le Mali ont également annoncé suspendre leurs liaisons aériennes avec les pays touchés. L’Algérie − où la contestation a été contrainte de suspendre ses manifestations − fera de même, jeudi, avec l’ensemble des pays européens et plusieurs capitales d’Afrique et du Moyen-Orient.

En Asie, l’Inde va fermer au public tous ses musées et monuments, dont le fameux palais du Taj Mahal, à partir de mardi. La plupart des écoles et des lieux de loisirs, dont les cinémas, ont déjà fermé leurs portes dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants, le deuxième du monde en matière de population, où seulement 114 cas et deux morts ont été enregistrés.
Le premier ministre japonais a annoncé mercredi que le Japon allait étendre à certaines régions de Suisse, d’Italie et d’Espagne ainsi qu’à toute l’Islande les mesures d’interdiction d’entrée sur son territoire.

En Amérique du Sud, le Brésil a recensé son premier mort, mardi, alors que l’état d’urgence a été déclaré dans l’Etat de Rio de Janeiro et dans la ville de Sao Paulo, les deux foyers principaux de contamination. Le bilan pourrait s’alourdir, car quatre décès suspects ont été recensés dans le même hôpital. La Colombie a annoncé la fermeture de toutes ses frontières jusqu’au 30 mai et a décrété « l’état d’urgence ». Le Venezuela est placé en « quarantaine totale ».

En Russie, aucune mesure de confinement généralisé n’a, pour l’heure, été prise. Le bilan très bas – 114 cas recensés mardi – alimente des soupçons de sous-estimation de la propagation.
En Océanie, l’Australie a ordonné, mercredi, à ses ressortissants de ne pas quitter le pays, afin de contrer la pandémie de coronavirus. « Si nous ralentissons la propagation, nous sauvons des vies. N’allez pas à l’étranger. Cette consigne est très claire », a expliqué le premier ministre, Scott Morrison.

En Amérique du Nord, à compter de mercredi, le Canada va fermer ses frontières aux voyageurs étrangers, à l’exception notable des Américains.

Le Monde avec AFP