Le Premier ministre accompagné de ses ministres de l’Education, du Travail, de l’Economie, de la Culture et de la Santé, a précisé le plan du gouvernement.

Après avoir rendu hommage aux victimes, leurs familles et tous les catholiques “frappés en plein coeur” après l’attentat de Nice ce jeudi, Jean Castex a salué l’intervention des forces de sécurités intérieures. Mais la conférence de presse qui s’est tenue, jeudi en début de soirée, avait pour objet le reconfinement annoncé la veille par Emmanuel Macron.

Un reconfinement national qui commence ce jeudi à minuit et s’étendra au moins jusqu’au 1er décembre pour lutter contre l’épidémie qui “frappe très durement” le pays, souligne le Premier ministre. “Toutes nos régions et toutes les catégories d’âges sont touchées. Puisque le virus accélère alors nous devons accélérer également. Nous devons protéger la santé de nos concitoyens en cassant la spirale épidémique”, ajoute-t-il.

 

Jean Castex a détaillé les mesures annoncées par le président de la République qui ne sont pas exactement les mêmes qu’en mars, légèrement assouplies, notamment pour l’école et les travailleurs.

Le retour de l’attestation de déplacement
Le Premier ministre annonce que, comme en mars, on ne pourra quitter le domicile que pour certaines raisons et avec une attestation dérogatoire de déplacement (à retrouver sur le site du ministère de l’Intérieur ou sur l’application TousantiCovid) pour le prouver : faire des courses, se rendre et revenir de son lieu de travail, des motifs médicaux, motifs familiaux impérieux, l’assistance aux personnes vulnérables et précaires, une convocation judiciaire ou administrative, la participation de missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative (maraude ou distribution alimentaire), les déplacements d’une heure pour une activité sportive ou promener son animal, et pas à plus d’un kilomètre du domicile. Les sports collectifs de plein air sont interdits.

 

En outre, les dérogations pourront justifier de nouveaux motifs : pour accompagner son enfant à l’école, pour se rendre dans un service public. Ainsi, deux attestations permanentes pourront par ailleurs être délivrées : par l’employeur et par l’établissement scolaire des enfants.

Il ne sera pas possible “de voyager au sein du territoire national, y compris d’une résidence principale vers une résidence secondaire”, a ajouté le Premier ministre, en précisant qu’une amende forfaitaire de 135 euros sera appliquée en cas de non-respect du confinement.

Des secteurs qui restent ouverts
Les guichets de banque et de poste resteront ouverts, les examens du permis de conduire seront aussi possibles et les parcs, jardins forêts et plages resteront ouverts.

Les frontières de l’espace européen restent ouvertes, mais les frontières extérieures seront fermées. Toute personne arrivant sur le territoire doit avoir la preuve d’un test négatif réalisé 72 heures à l’avance.

Les dérogations obtenues au printemps seront maintenues. Opticiens, pharmaciens, bureau de tabac, resteront ouverts. Les commerces de gros également afin que les professionnels puissent continuer de s’approvisionner. Les hôtels pourront garder une activité pour les déplacements professionnels indispensables et les transports en commun resteront ouverts avec un trafic maintenu à la normale.

Les lieux de culte resteront ouverts mais les cérémonies religieuses sont interdites, sauf pour les enterrements dans la limite de 30 personnes, et les mariages dans la limite de 6 personnes.

Les établissements qui resteront ouverts devront appliquer les mesures sanitaires dont celle de la jauge. Voici la liste des établissements bénéficiant d’une dérogation pour ouvrir leurs portes :

Les autres établissements recevant du public seront fermés : restaurants, commerces non-essentiels, salles de spectacles, cinéma, parcs d’attractions… Les établissements d’activités extrascolaires (clubs de sport, conservatoires) seront également fermés. Les restaurants pourront en revanche maintenir une activité de livraison et de commande à emportée.

Le masque à 6 ans
Grande différence avec le printemps dernier : crèche, écoles, collèges, et lycées resteront ouverts ce qui implique un protocole renforcé, dont le port du masque dès 6 ans. “La fermeture des écoles entraîne l’aggravation des retards scolaires et nous ne voulons pas cela, argumente Jean-Michel Blanquer. Les contaminations se passent souvent en dehors de l’établissement scolaire. Nous avons le devoir fondamental de maintenir ouvertes nos écoles tant que nous le pourrons.”

Selon lui, depuis la rentrée de septembre, le protocole a abouti à peu de contaminations, et seules 0,06% des classes ont été fermées pour des cas Covid. “L’école est un espace sécurisé”, promet-il.

 

Avec le nouveau protocole sanitaire renforcé, qui s’appuie sur l’avis du HCSP, le masque devient obligatoire pour tous les élèves à partir du cours préparatoire, soit à 6 ans. “J’invite tous les parents à équiper leurs enfants, mais des masques seront prévus en cas d’oublis ou de difficultés économiques”, précise Jean-Michel Blanquer. Le protocole implique aussi une limitation du brassage des élèves avec des arrivées et départs étalés dans le temps, des “déplacements limités au maximum” et des récréations “par groupes”.

Les flux seront autant que possible étalés et la circulation des élèves doit être limitée au maximum. En attribuant une salle par classe dans le secondaire par exemple. La restauration scolaire est par ailleurs maintenue quand les distances sociales pourront être respectées. L’aération des classes sera renforcée comme la désinfection des locaux. Pour l’université, la règle sera le distanciel et les cours devront être assurés en ligne.

Les professionnels du sport et de la culture pourront travailler
Toutes les entreprises qui ne sont pas fermées administrativement doivent pouvoir continuer à poursuivre leur activité, comme pour les domaines de soins ou de services à la personne. Contrairement au confinement de mars, les professionnels de la culture et du sport pourront continuer les entraînements ou les tournages…

Mais le télétravail sera la règle partout où il est possible, “il n’est pas une option”, prévient Elisabeth Borne. Pour les entreprises fermées ou en difficultés, le chômage partiel sera maintenu. Ceux qui ne peuvent pas effectuer toutes leurs tâches à distance pourront se rendre sur leur lieu de travail en cas de besoin. Et ceux qui ne peuvent pas travailler à distance du tout, ils devront disposer d’une attestation de l’employeur pour se rendre sur leur lieu de travail. Les employeurs, de leur côté, devront aménager les horaires pour éviter l’affluence en heure de pointe, poursuit la ministre du Travail.

Les moments de convivialités ne sont pas autorisés en entreprise mais les espaces de réfectoires restent ouverts. “Contrairement au mois de mars, l’activité se poursuivra dans de nombreux secteurs de l’économie”, note la ministre du Travail. “Nous sommes pleinement mobilisés pour protéger nos entreprises, nos emplois et la santé des travailleurs”, conclut-elle.

Soutien plus fort à l’économie
“Le soutien économique de l’Etat sera encore plus fort que lors du premier confinement”, promet alors Bruno Le Maire. “Toutes les entreprises et tous les commerces de moins de 50 salariés fermés par décision administrative pourront recevoir une indemnisation jusqu’à 10 000 euros, quel que soit le secteur”, a précisé le ministre de l’Economie. Les entreprises et établissements qui ne sont pas fermés, mais souffrent également de ce confinement, comme les hôtels, seront également indemnisés.

D’autre part, “pour venir en aide aux entreprises, l’Etat va consacrer 6 milliards d’euros par mois de confinement”, annonce Bruno Le Maire. Soit l’équivalent de ce qui a été versé depuis le mois de mars. Et pour les entreprises qui auront du mal à rembourser le prêt garanti par l’Etat en mars 2021, elles pourront demander un délai d’un an supplémentaire.

Dans le détail, les 15 milliards par mois que représentent ces mesures se répartissent ainsi :

6 milliards pour le fonds de solidarité
7 milliards pour l’activité partielle
1 milliard pour les exonérations de cotisations sociales
1 milliard pour prendre en charge une partie des loyers des entreprises.

Des répétitions sans public pour la culture
Certaines activités professionnelles peuvent continuer dès lors qu’il n’y a pas de public, rappelle Roselyne Bachelot, évoquant les répétitions ou les captations sans public. “Il est prévu que les bibliothèques puissent instaurer un système de livraison sur place”, a par ailleurs annoncé la ministre de la Culture.

Mais pour le secteur de la culture il s’agit d’un “coup de tonnerre”, a admis Roselyne Bachelot en promettant des “mesures complémentaires” de soutien. Cinémas, théâtres mais aussi librairies resteront en effet fermées, ce qui a poussé le jury du Goncourt et de d’Interallié à reporter leurs prix qui devaient être remis les 10 et 18 novembre.

Les étudiants de santé pourront être mobilisés
Olivier Véran a précisé de son côté lors de la conférence de presse, que “40 évacuations sanitaires ont déjà eu lieu” entre régions, essentiellement par avion, du sud-est vers l’ouest du pays.

Par ailleurs, pour garantir les renforts nécessaires, “les étudiants en santé peuvent être mobilisés”, quitte à mettre “en suspens partiellement ou totalement leurs formations”.

Ils rejoindront les “plus de 9000 soignants qui se sont déjà inscrits” sur la plateforme Renfort-RH ouverte mi-octobre, a-t-il dit.

Dans un autre courrier envoyé aux médecins libéraux, le ministre de la Santé indique avoir décidé de “rendre à nouveau possibles les téléconsultations par téléphone pour certains patients”, comme c’était le cas entre mars et juillet.