Début mars, la Californie et l’État de New York affichaient des bilans similaires sur le front du coronavirus. Pourtant, un mois plus tard, les trajectoires du Covid-19 dans ces deux États sont à l’opposée, et l’État libéral est désormais présenté comme un modèle dans le pays, tant il semble avoir réussi à aplanir la courbe des infections.

Les chiffres sont en effet frappants. L’État de Californie, pourtant l’un des premiers frappés par la pandémie aux États-Unis, enregistre quinze fois moins de morts du Covid-19 que celui de New York. Principale explication avancée : un confinement plus rapide dans la ville de San Francisco. La Californie s’interroge : est-ce que quatre journées de confinement d’avance sur New York ont fait la différence ?

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a en effet été le premier des États-Unis à décréter le « stay at home order » pour ses 40 millions d’habitants. À ce moment-là, celui de New York s’y refuse encore et tergiverse avec le maire de la ville, qui conseille même aux habitants d’aller au cinéma.

 

Moindre densité, moins de transports publics…
Finalement, quand Andrew Cuomo se résout à ordonner le confinement, l’État de New York compte déjà 157 morts. Et trois semaines plus tard à peine, selon le décompte de l’Université John Hopkins, New York dépasse les 10 000 morts et les 100 000 contaminations. Rien à voir avec les chiffres de la Californie, qui déplore un peu plus de 750 morts pour 20 000 contaminés, et ce alors qu’elle compte deux fois plus d’habitants que l’État de New York.
Mais au-delà de ce confinement plus rapide, d’autres facteurs sont également évoqués. À New York, la densité démographique est 30% plus forte qu’à San Francisco, le réseau de transports publics y est aussi beaucoup plus développé, et sa position de carrefour international a peut-être davantage exposé New York au coronavirus.

La côte Ouest au secours de la côte Est
En tout cas, contrairement à New York, pas d’images d’hôpitaux submergés en Californie : la côte Ouest est même capable de venir en aide aux autres États, plus touchés par la pandémie. C’est tout un symbole, car les trois États de cette côte (Californie, Washington et Oregon) avaient été les premiers, fin janvier, à enregistrer des cas de Covid-19 dans le pays.
Aujourd’hui, ils sont tous beaucoup moins touchés que la côte Est et se sont même rapprochés pour envoyer 1 000 respirateurs artificiels à New York et à six autres États submergés par la pandémie.

Trump et Newsom enterrent la hache de guerre ?
« Nous ne le dirons jamais assez : la distanciation sociale fonctionne », répète le gouverneur Gavin Newsom. « Nous ne sommes pas encore sortis du bois », mais la Californie entre dans une « phase optimiste », a-t-il dit mardi 14 avril en annonçant réfléchir à une réouverture progressive de la cinquième économie de la planète. Même si les cas continuent d’augmenter, la courbe est un train de fléchir en Californie, s’est-il félicité.

Et conséquence politique surprenante, cette très libérale Californie et son gouverneur démocrate, jusqu’ici ennemis jurés de Donald Trump, sont aujourd’hui cités en exemple par le président américain. Un changement de ton spectaculaire.
Jusqu’ici, la Californie et son gouverneur comptaient parmi ses bêtes noires dans ses meetings ; le président faisait régulièrement huer cet État qui a lancé plus de 50 procès contre son administration, mais le coronavirus a tout changé. « Honnêtement, je suis devenu très ami avec Gavin Newsom, a dit Donald Trump cette semaine. Nous travaillons ensemble, il a fait du très bon travail. »

« Le président nous a envoyé toute l’aide dont nous avions besoin », assure de son côté Gavin Newsom. En fait, durant cette crise, le gouverneur de Californie choisit de remiser ses critiques contre Trump pour se concentrer sur le Covid-19. Selon le site d’information Politico, Donald Trump, lui, est très critiqué pour avoir minimisé le virus et pour ne pas avoir agi à temps : il a donc besoin de Newsom pour pointer l’attention vers la Californie, qui représente une lueur d’espoir.