Roselyne Bachelot a les yeux tournés vers l’Espagne. Et plus précisément vers Barcelone, où un concert un peu particulier s’est tenu le 12 décembre malgré l’épidémie de Covid-19, dans des conditions qui pourraient inspirer les autorités françaises.
Les annonces de Jean Castex le 7 janvier ont douché les espoirs du secteur culturel: cinémas, salles de spectacles, de concert et autres ne rouvriront pas leurs portes de si tôt, faute d’une seconde vague épidémique toujours difficile à maîtriser. Invitée de franceinfo ce vendredi, la ministre de la Culture a refusé de donner une éventuelle date de réouverture mais s’est voulue positive: elle a confié qu’elle étudiait “avec beaucoup de soin” un concert-test qui a eu lieu à Barcelone, avec un protocole sanitaire inédit.
Baptisée Prima-CoV, cette expérience organisée par un festival de musique, en partenariat avec un hôpital local, a réuni 1047 personnes. À l’entrée, tous les participants ont été testés négatifs au coronavirus avec un test antigénique, puis séparés en deux groupes: un groupe “témoin” et un autre de près de 500 personnes qui ont assisté au concert donné en intérieur.
Mais attention, pas dans n’importe quelles conditions: debout, avec un masque FFP2 obligatoire, une organisation pour éviter les files d’attente aux toilettes ou ailleurs, un espace fumeur restreint et des stands dédiés aux consommations où il était possible d’enlever son masque pour boire un verre. Un système de ventilation particulièrement développé a aussi été mis en place.
En revanche, il n’y avait pas de distance entre les participants.
Un test pour entrer dans les salles de spectacle?
Résultats? Selon les conclusions rendues publiques le 30 décembre après un second test, aucune des personnes ayant assisté au concert n’a été contaminée. Seulement deux personnes du groupe témoin se sont révélées positives.
“L’étude Prima-CoV confirme son objectif premier, en n’associant pas la participation à un concert à la présence d’infections SRAS-CoV-2”, affirment les auteurs. Selon les chercheurs, “ces résultats démontrent l’utilité des mesures de sécurité mises en place, qui incluent le dépistage avec un test antigénique avant d’assister à un événement.”
De quoi attirer l’attention de la ministre de la Culture française: “C’est une expérimentation que j’ai regardée avec beaucoup d’intérêt, on va en parler avec les professionnels du spectacle. C’est très intéressant (…) C’est une logistique qui n’a été déployée que pour un spectacle, il s’agirait de le généraliser”, a-t-elle jugé sur franceinfo, tout en soulignant que les conditions étaient effectivement “très strictes”.
Elle a notamment estimé que le test à l’entrée pourrait être “une excellente chose”, et a évoqué une éventuelle labélisation des salles qui prendraient certaines dispositions (comme un système de ventilation) pour freiner la circulation du virus. “Il y a des milliers de salles, il faudrait un travail de labélisation considérable. Mais pourquoi pas?”, a noté la ministre, tout en rappelant que toutes les pistes étaient étudiées en vue de la clause de revoyure au 20 janvier.
Plusieurs projets de concert-tests sont déjà sur la table en France. Un “groupe de travail concert-test” est ainsi piloté au sein du Prodiss (Syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle dans le privé) par Jean-Paul Roland, directeur du festival des Eurockéennes, aux côtés notamment de Marie Sabot (festival We Love Green) ou Armel Campana (festival Main Square).
“On imagine plutôt un concert-test en mars, l’idée étant, dans un monde idéal, de s’accoler à un calendrier du ministère de la Culture pour commencer à voir le bout du tunnel”, expose à l’AFP Jean-Paul Roland.
“Pour rouvrir au public, il faut passer par ce genre d’expérimentation, pour déboucher sur une saison festivalière et, d’autre part, établir un calendrier pour les tournées, qui en fonction de leur taille demandent de 3 à 24 moins de préparation”, souligne auprès de l’AFP Malika Seguineau, dirigeante du Prodiss.