La pandémie du coronavirus entraîne de très lourdes pertes en vies humaines et d’immenses souffrances au sein des populations. Il s’agit d’une crise de santé publique sans précédent de mémoire récente, une crise qui éprouve notre aptitude collective à réagir. Cette pandémie amène la troisième et plus grave crise économique, financière et sociale du XXIe siècle, après les attentats du 11 septembre 2001 et la crise financière mondiale de 2008.

Le choc est double : l’arrêt de la production dans les pays touchés porte un coup aux chaînes d’approvisionnement dans le monde entier ; la chute brutale de la consommation s’accompagnant d’un effondrement de la confiance. Les mesures strictes appliquées à travers le monde, bien qu’essentielles pour maîtriser la propagation du virus, plongent nos économies dans une paralysie sans précédent et dont elles ne sortiront pas simplement ou automatiquement.

La priorité est de minimiser le nombre de décès et les effets néfastes de la maladie sur la santé humaine. Mais la pandémie a déclenché une crise économique majeure qui va peser sur nos sociétés dans les années à venir. Dans bien des endroits du monde, de premières mesures ambitieuses ont déjà été prises et il y a lieu de s’en féliciter, mais seul un effort de portée internationale collectif et coordonné permettra de relever le défi.

Il semble désormais que nous soyons déjà bien au-delà du scénario le plus pessimiste envisagé alors. Le comportement des marchés financiers traduit l’extraordinaire incertitude créée par la situation. Il paraît de plus en plus probable que nous allons assister à des replis successifs du PIB mondial – ou des PIB régionaux – au cours du trimestre actuel de 2020 et des suivants.
En proie à l’insécurité financière

Et s’il est encore trop tôt pour évaluer l’impact qu’aura le coronavirus dans un grand nombre de pays en développement, en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne, il est clair que même si ceux-là ont la chance de ne pas subir de plein fouet la crise sanitaire, ils vont en pâtir économiquement, comme ils avaient pâti de la crise de 2008.

Source : Le Monde Extrait de la Tribune de Angel Gurria  (Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques /OCDE)