REOUVERTURE – La scène de musiques actuelles du Krakatoa à Mérignac dans la banlieue de Bordeaux, rouvre ses portes samedi après sept mois de fermeture

Didier Estèbe se souviendra longtemps du 17 mars 2020. Car le jour même des 30 ans de la salle de concert qu’il dirige, le Krakatoa à Mérignac, était décrété le confinement en France. « Tu parles d’un anniversaire ! », lâche-t-il aujourd’hui…

Sept mois plus tard, l’établissement labellisé Smac (Salle de musiques actuelles) s’apprête à rouvrir au public, avec le concert samedi soir de Voyou, artiste qui s’était déjà produit sur la scène mérignacaise mais avec sa formation, et qui se déplace cette fois-ci en solo, contraintes sanitaires obligent.

« Une centaine de Smac en France à avoir fait ce choix d’organiser quand même des concerts »

« Nous avons attendu que la situation s’éclaircisse pour reprogrammer des concerts, explique Didier Estèbe, mais ils n’auront pas lieu dans leur format traditionnel : la jauge est abaissée à 250 places assises – sachant que la capacité de la salle est de 1.200 places debout – et il n’y aura bien entendu pas de bar. » Les spectateurs devront par ailleurs garder le masque à l’intérieur de la salle. Bref, on sera très loin de l’ambiance des concerts de musique actuelle.

« Mais nous sommes vraiment heureux de proposer à nouveau des concerts, et de recevoir des gens » insiste le directeur du Krakatoa. « Nous sommes une centaine de Smac en France à avoir fait ce choix d’organiser quand même des concerts, malgré ces contraintes, car on pense que c’est important de pouvoir présenter de nouveau des artistes. Surtout que ces derniers se sont creusés la tête pour adapter leurs interventions sur scène : soit ils passent d’électrique en acoustique, soit ils viennent en solo. »

« J’ai l’impression que le public est assez gourmand de concert »

Reste à savoir si le public répondra présent. « Au regard des premières réservations, j’ai l’impression que le public est assez gourmand de concert. Cela fait tout de même sept mois qu’il n’en a pas eu, ou très peu. Mais on fera le point après », analyse Didier Estèbe.

Dans tous les cas, « ces concerts ne seront pas rentables », insiste le directeur. « C’est impossible avec 250 spectateurs. Nous réussissons à proposer cette programmation parce que le centre national de la musique a mis en place un fond d’équilibre. » Située à mi-chemin du secteur privé et des scènes institutionnelles largement subventionnées, la Smac s’autofinance d’ordinaire à hauteur de 62 % grâce à la billetterie. On en sera effectivement très loin dans cette configuration.

La programmation du premier trimestre 2021 dans la même configuration

Ce fonctionnement à jauge réduite perdurera jusqu’à la fin de l’année. « Nous sommes même en train de préparer la programmation du premier trimestre 2021 dans la même configuration. Il sera plus simple, si les choses s’améliorent, de repasser vers notre jauge maximale assise qui est de 450 places, voire vers notre jauge maximale de 1.200 places, que de faire le chemin inverse : si on vend 1.200 places et que la jauge repasse à 450, il n’y a plus qu’une seule solution, c’est d’annuler le concert. » Par ailleurs, le Krakatoa a déjà un plan si un couvre-feu était décrété sur la métropole de Bordeaux, qui consisterait à « proposer une ouverture plus tôt pour que les spectacles se terminent à 20 h 30. »

Après le concert de réouverture samedi, la suite de la programmation de 2020 se poursuivra en décembre, avec notamment Babylon Circus, Isaac Delusion, Suzane, Mathias Malzieu pour des lectures musicales, et Izïa. « Elle a totalement revu sa tournée, et est repartie comme à ses premiers jours dans un camion neuf places, relève Didier Estèbe. Les artistes partent globalement en tournée beaucoup moins nombreux. »