Les essais menés par l’Organisation mondiale de la santé et ses partenaires seront suspendus le temps que « les données […] soient examinées ».

L’étude publiée la semaine dernière dans The Lancet a convaincu l’Organisation mondiale de la santé de faire une pause. L’OMS a annoncé ce lundi avoir suspendu « temporairement » les essais cliniques avec l’hydroxychloroquine qu’elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays par mesure de précaution.

L’étude parue vendredi juge inefficace voire néfaste le recours à la chloroquine ou à ses dérivés comme l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, a justifié le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse virtuelle.

L’OMS a lancé il y a plus de deux mois des essais cliniques portant notamment sur l’hydroxychloroquine, baptisés « Solidarité », dans le but de trouver un traitement efficace contre le Covid-19. Actuellement, « plus de 400 hôpitaux dans 35 pays recrutent activement des patients et près de 3 500 patients ont été recrutés dans 17 pays », a expliqué le patron de l’OMS. Les essais menés par l’OMS et ses partenaires seront suspendus le temps que « les données » recueillies par les essais Solidarité « soient examinées », a indiqué M. Tedros.

Une étude « foireuse » pour Didier Raoult
L’étude qui a fait grand bruit depuis trois jours porte sur l’analyse des données d’environ 96 000 patients infectés par le virus SARS-CoV-2 et admis dans 671 hôpitaux entre décembre 2019 et avril 2020. Environ 15 000 d’entre eux ont reçu l’une des quatre combinaisons (chloroquine seule ou associée à l’antibiotique, hydroxychloroquine seule ou associée à ce même antibiotique), puis ces quatre groupes ont été comparés aux 81 000 malades du groupe témoin n’ayant pas reçu ce traitement.

Résultats : ni la chloroquine, ni son dérivé l’hydroxychloroquine ne se montrent efficaces contre le Covid-19 chez les malades hospitalisés, et ces molécules augmentent même le risque de décès et d’arythmie cardiaque.

Une conclusion qui ne convainc pas Didier Raoult. Lundi, l’infectiologue français a même jugé l’étude « foireuse » car réalisée « par des gens qui n’ont pas vu de patients ». « Comment voulez-vous qu’une étude foireuse faite avec les « big data » (masse de données) change ce que nous avons ? », a-t-il lancé dans une vidéo postée sur le site de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection à Marseille.

« Je ne sais pas si ailleurs l’hydroxychloroquine tue mais ici elle a sauvé beaucoup de gens », assure Didier Raoult. Il a aussi balayé l’hypothèse de sérieuses arythmies cardiaques provoquées par ce traitement, assurant qu’à Marseille aucun phénomène de ce genre n’avait été observé malgré « 10 000 électrocardiogrammes » pratiqués.