Le styliste nigérian Kenneth Ize est l’un des quatre nouveaux entrants au calendrier officiel de la Paris Fashion Week automne-hiver 2020-21, où les jeunes créateurs venus du monde entier défilent aux côtés des maisons historiques.

Naomi Campbell a foulé le podium ce lundi 24 février pour le premier défilé parisien du Nigerian Kenneth Ize, à l’ouverture de la semaine du prêt-à-porter féminin automne-hiver 2020-21.
En robe à franges en aso oke, tissu à larges rayures multicolores créé par le peuple Yoruba d’Afrique de l’Ouest, cher au styliste, la mannequin noire, sa “marraine” et cliente, a clos son défilé au Palais de Tokyo. “Naomi Campbell a rendu ce défilé possible”, a déclaré Kenneth Izedonmwen, le créateur de 29 ans, en se disant “submergé” d’émotions.

“Réinterpréter l’artisanat nigérian”

Originaire de Lagos et diplômé de l’Université des arts appliqués de Vienne où il a grandi, Kenneth Izedonmwen, qui puise dans le patrimoine textile de son pays, explique chercher à “réinterpréter l’artisanat nigérian” pour créer une vision originale du luxe dans le secteur du textile et de la mode : “Nous travaillons avec des tisseurs et de nombreux groupes d’artisans et de créateurs du Nigeria“.

Son souhait :

perpétuer la longue tradition de l’artisanat local, en fusionnant l’esthétique du design contemporain et les talents de productions avec des pratiques et un savoir-faire spécifiquement locaux. “C’est une démarche que nous souhaitons voir prospérer pour y inclure d’autres cultures d’Afrique et d’ailleurs. Nous sommes convaincus que l’exploration et la perpétuation des cultures existantes ouvrent des territoires fascinants à la création pour inspirer les traditions de demain.”

Pour la Paris Fashion Week, il a proposé des coupes contemporaines comme des ensembles composés d’un bomber et d’une mini-jupe ou des tailleurs pantalon portés avec des mules à talon bas. Vert pomme ou émeraude, mauve, fuchsia, bleu électrique : la palette des couleurs est riche et joyeuse.
“Cette collection est sur ma religion, l’amour, ce que je suis, les gens en qui je crois et sur le partage”, a souligné kenneth Ize.

 

Sortir du wax

Ce n’est pas le premier créateur à valoriser le patrimoine textile africain, le Camerounais Imane Ayissi avait fait une percée sur les podiums en janvier, premier ressortissant de l’Afrique subsaharienne à intégrer le club élitiste de la haute couture à Paris. Tout comme Kenneth Ize, il avait fait découvrir au public avec sa collection couture printemps-été 2020 des savoir-faire africains peu connus : des tie and dye teints au Cameroun; des kente, tissages traditionnels de l’ethnie Akan, que l’on trouve au Ghana et en Côte d’Ivoire et portés à l’origine par la noblesse; ou de l’obom, une peau végétale produite à partir d’écorce d’arbre qui a décoré des tenues du soir.
Jugeant que l’Afrique a “mieux à montrer”, les deux créateurs boudent le wax, ce tissu inspiré du batik indonésien, industrialisé en Europe et adopté par l’Afrique, continent auquel il est largement associé.

Un autre créateur, Thebe Magugu – premier Africain à avoir remporté à 26 ans le prix LVMH 2019 – entre cette saison au calendrier officiel des présentations. Il dévoile sa collection mardi 25 février. Ce jeune styliste – installé à Johannesburg en Afrique du Sud – a crée son label éponyme spécialisé dans le prêt-à-porter féminin dont le dessin s’inspire des motifs issus de l’histoire “de notre continent”.

Source francetvinfo