Le 19 juillet 2016, Adama Traoré était mort dans la caserne de gendarmerie de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) au terme d’une course-poursuite avec les gendarmes. Depuis, sa famille réclame “justice”, comme Assa, sa soeur qui était l’invitée de RMC ce mardi matin.

Cette nouvelle expertise médicale, la quatrième, demandée par la famille du jeune homme, que RMC a pu consulter ce mardi, conclut que “le plaquage ventral a entraîné la ‘mise en position corporelle entravant l’échange normal de gaz et avec l’impossibilité de se libérer de cette position”.

Selon le professeur de médecine d’un hôpital parisien, qui a réalisé cette expertise, “aucune autre cause de décès n’est identifiée, l’expertise est donc en faveur du décès faisant suite à un syndrome asphyxique par plaquage ventral”. Il ajoute: “Adama Traoré avait des antécédents médicaux, mais ceux-ci ne constituent pas une maladie évolutive (…) Il n’est pas démontré que ces pathologies ont contribué à causer le décès d’Adama Traoré”.

“Les conclusions de ce rapport sont très claires: le décès d’Adama Traoré résulte du plaquage ventral exercé par les trois gendarmes”, explique à RMC Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré.

“Pseudo-experts”
Vendredi dernier, une nouvelle expertise médicale avait écarté la responsabilité des forces de l’ordre dans le décès d’Adama Traoré. Elle avait conclu que le jeune homme de 24 ans n’était pas mort “d’asphyxie positionnelle, mais d’un œdème cardiogénique”.

La famille d’Adama Traoré et leur avocat, Me Yassine Bouzrou, avaient dénoncé cette expertise, réalisée selon eux par “des pseudos-experts”. Dès vendredi, ils ont donc demandé une nouvelle contre-expertise, réalisée par un médecin indépendant, non ordonnée par les juges d’instruction, dont les conclusions sont donc rendues aujourd’hui.
“Cette expertise indépendante a la même valeur probante que les expertises ordonnées par la justice.

Ce rapport a été versé au dossier d’instruction, il est donc contradictoire, conformément à la loi”, explique Me Bouzrou à RMC. “Contrairement aux experts désignés par les juges, les médecins indépendants qui ont réalisé les contre-expertises sont tous spécialistes des maladies évoquées dans le dossier. Compte-tenu de leurs compétences, leurs conclusions s’imposent face à celles qui excluent le plaquage ventral comme cause de la mort d’Adama Traoré”, conclu-t-il.

“Impact médiatique”
“La famille Traoré ne recherche pas la vérité judiciaire mais l’impact médiatique” dénonce l’avocat des gendarmes à BFMTV. “A chaque fois que le dossier les contredit, ils font appel à des médecins hors-procédure sur lesquels nous n’avons aucun contrôle” conclut-il.

Depuis la mort d’Adama Traoré, 24 ans, le 19 juillet 2016, sa famille et leur avocat soutiennent que les gendarmes ont causé la mort du jeune homme en lui faisant un plaquage ventral. Trois expertises médicales judiciaires ont déjà été demandées par la justice et deux contre-expertises à la demande de la famille.

Un rassemblement est prévu aujourd’hui à 19h devant le Tribunal Judiciaire de Paris, à l’appel, entre autres, de la famille d’Adama Traoré, pour dénoncer les violences policières. La préfecture de Police de Paris a interdit ce rassemblement, indiquant dans un communiqué qu’elle n’a fait “l’objet d’aucune déclaration préalable”.

(RMC)