Sauf grosse surprise, aucune nouvelle restriction ne sera annoncée ce soir par le ministre de la Santé Olivier Véran, lors de son point presse hebdomadaire.
Le gouvernement veut garder son cap jusqu’à la fin des vacances scolaires d’hiver, qui s’achèvent le 8 mars, en maintenant le couvre-feu national à 18 h. D’ici là, l’exécutif ne devrait pas donner de tour de vis supplémentaire, mais il garde un œil attentif sur la situation sanitaire.
Ça ne sera probablement pas pour cette fois. Le ministre de la Santé ne devrait pas annoncer de nouvelles restrictions ce jeudi 18 février, lors de sa conférence de presse hebdomadaire à 18 h. Comme la semaine dernière, Olivier Véran va probablement se contenter de faire un point sur la situation sanitaire en France et sur l’évolution de l’épidémie de Covid-19. Et ce pour plusieurs raisons.
La fin des vacances en ligne de mire
Le gouvernement veut garder son cap jusqu’à la fin des vacances scolaires de février et poursuivre sa gestion de la crise sanitaire avec un couvre-feu national maintenu à 18 h.
Si la zone A reprend l’école lundi, la zone B, elle, débute ses congés vendredi soir et ce, jusqu’au 8 mars. « On essaye de tenir la ligne jusqu’à la fin des vacances », confirme une source gouvernementale à BFMTV. Même son de cloche dans les colonnes de Franceinfo : « Laissons un peu d’air aux Français », avance un conseiller de l’exécutif.
Bien entendu, ce statu quo tomberait si la situation sanitaire se dégradait. Et le gouvernement n’oublie pas de le rappeler. À l’image de son porte-parole, Gabriel Attal, mercredi 17 février, à l’issue d’un nouveau Conseil de défense sanitaire. « La situation reste si fragile qu’un rien peut la faire basculer » et « la vigilance reste de mise », a-t-il martelé.
Gabriel Attal a salué « la très grande responsabilité des Français », qui « ont su déjouer les pronostics ».
Pas de flambée des contaminations…
Quand il parle de pronostics, Gabriel Attal fait référence aux prévisions de nombreux scientifiques qui tablaient sur une aggravation de la situation à cause des variants du coronavirus. Cela n’a pas eu lieu pour l’instant. Les contaminations restent malgré tout à un taux élevé, avec 18 000 nouveaux cas par jour en moyenne. Une baisse d’environ 4,4 % est observée par rapport à la semaine dernière (19 208, le 10 février).
« Il ne faut pas prendre de mesures exceptionnelles car on voit bien aujourd’hui que le plateau est maîtrisé », a affirmé Christophe Castaner, mercredi sur France 2. Le patron du groupe LREM à l’Assemblée nationale appelle tout de même à « rester extrêmement vigilant, attentif. Personne ne peut prédire ni le pire, ni le meilleur ».
… mais une tension hospitalière importante
Si une légère décrue est observée du côté des hospitalisations, avec 25 929 malades du Covid recensés hier dans les hôpitaux contre 26 195 mardi 16 février, la situation reste compliquée.
Du côté des hospitalisations, la Direction générale de la santé (DGS) estime que « la situation est préoccupante » dans une note citée par BFMTV et publiée ce week-end. Plusieurs départements font notamment face à une circulation plus forte du coronavirus, comme dans le Nord, le Sud-Est et l’Est de la France. « Cette évolution fait craindre un niveau de saturation homogène de l’offre de soins pour la prise en charge des patients Covid mais également non Covid sur l’ensemble du territoire », explique la DGS.
Pour pallier cette tension, la DGS invite les hôpitaux à se réorganiser dès ce jeudi 18 février, en augmentant la capacité en termes de lits, notamment de réanimation et de soins intensifs, mais aussi en optimisant le « parcours de soins des patients Covid et non-Covid ».
Le flou autour des variants
Cet « entre-deux » dans lequel se trouve la France est, en partie, lié à la question des variants britannique, sud-africain et brésilien. Plusieurs scientifiques alertent sur l’évolution de leur diffusion. C’est le cas de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) qui, dans une étude publiée le 14 février, estime que les admissions à l’hôpital pourraient grimper en flèche et atteindre les 20 000 à 25 000 hospitalisations hebdomadaires fin mars, si les restrictions ne sont pas renforcées.
Mais certains scientifiques, tel que Frédéric Adnet, chef des urgences de l’hôpital Avicenne de Bobigny, disent aussi que la contagiosité de ces variants, notamment britannique, « a peut-être été surestimée. Les travaux scientifiques qui supportent l’hypothèse que ce variant est beaucoup plus contagieux, ce sont des travaux de modélisation ou de charge virale. Mais on n’a pas des travaux extrêmement solides », explique-t-il à nos confrères de France Bleu .
Le gouvernement préfère tempérer pour l’instant, à l’image de la tonalité de la visite d’Olivier Véran en Moselle, vendredi dernier. Alors que plusieurs dizaines de cas de variants sud-africain et brésilien ont été détectées dans le département, le ministre de la Santé n’a pas annoncé de restrictions localisées, au grand dam des élus locaux.
L’exécutif ne cache pas ses questionnements sur l’effet réel des variants dans les contaminations. Lors de la réunion sur les vaccins et traitements anti-Covid du 2 février, Emmanuel Macron a même interrogé les scientifiques sur la plus forte contagiosité ou non de ces variants.
Vers un allègement des mesures ?
S’il n’y a pas de restrictions supplémentaires et que la situation sanitaire s’améliore, le gouvernement devra faire face aux demandes d’allégement des mesures. « Inévitablement avec la fin des vacances il y aura un débat sur l’acceptabilité et le respect des mesures qui va surgir », avance un conseiller de l’exécutif sur BFMTV. Le monde de la culture se prépare déjà, avec l’organisation de concerts tests à Paris et Marseille en mars et avril et à Saint-Malo en mai.
Là aussi, il faudra regarder les chiffres de près à un instant T et ne pas assouplir trop vite les restrictions pour éviter un retour de bâton au printemps. Ce printemps tant attendu après un long hiver.