La rentrée des classes aura bien lieu. Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a tenu à répondre aux inquiétudes des enseignants et des parents d’élèves concernant le protocole sanitaire à appliquer dans les écoles, alors que le Covid-19 gagne toujours du terrain en France.

«Retrouver le chemin de l’école»

Le report de la rentrée scolaire n’est «pas une hypothèse», a tranché Jean-Michel Blanquer, excluant d’emblée un mois de septembre où les parents devraient jongler entre les enfants à la maison et leur travail. «Le protocole élaboré au mois de juillet assure la protection et l’éducation pour tous», a-t-il assuré, soulignant qu’«aujourd’hui plus que jamais en France, on a besoin de plus d’éducation». «L’enseignement est obligatoire», a ajouté le ministre.

Si certains parents d’élèves s’inquiètent concernant une possible seconde vague, la plupart n’attendent qu’une chose : pouvoir renvoyer leur enfant à l’école. «II faut à la fois conjuguer le fait de ne pas prendre de risques et le fait de permettre à chacun de reprendre le chemin de l’école», acquiesce la porte-parole de la Fédération des Parents d’élèves de l’Enseignement Public (PEEP) Cécile Frattaroli. «L’école ne doit pas être perçue comme une option», ajoute-t-elle, craignant que l’idée d’aller à l’école devienne «un choix». «L’éducation est obligatoire et c’est une chance pour tout le monde, ce n’est pas une variable d’ajustement. Le risque 0 n’existe pas mais, le plus important, c’est que les enfants puissent retrouver le chemin de l’école – le message était clair», réagit-elle, interrogée par Le Figaro.

Si la rentrée se fera donc bel et bien en bonne et due forme, il pourrait cependant y avoir «des exceptions locales», a confié le ministre. «Nous sommes capables de considérer à l’échelle d’une école, d’un établissement ou d’un territoire un problème ou un autre» lié au coronavirus. «Nous pourrions accentuer certaines mesures (…) avec un peu d’enseignement à distance et un peu de présence», a-t-il affirmé, rappelant toutefois que la participation physique des élèves reste la norme. «Le risque du distanciel est qu’il n’y est plus de réel suivi des élèves : on a vu certains parents découvrir après le confinement que leur enfant n’était pas si assidu qu’il le disait», souffle Cécile Frattaroli, signalant que le confinement a multiplié le nombre de décrocheurs.

Une prime d’équipement est toutefois envisagée pour les enseignants contraints d’exercer en télétravail. Qualifiée d’«idée», à ce stade par Jean-Michel Blanquer, elle fera l’objet de discussions avec les organisations syndicales et ne serait pas versée avant le début de l’année 2021.

Port du masque «systématique»

Sur le protocole sanitaire en lui-même, Jean-Michel Blanquer a déclaré que le seul changement qu’il apportait à la précédente version (publiée le 21 juillet) concerne les masques. Désormais, le port du masque sera «systématique» pour les adultes et les élèves à partir de 11 ans en toutes circonstances dans les lieux clos et plus seulement lorsque la distanciation physique est impossible. «Mon fils respire mal avec le masque, il a déjà des problèmes de respiration, surtout par temps chaud. Et puis les masques chirurgicaux, ça coûte cher, c’est un vrai budget!», s’alarme une mère de famille. Pour le président de Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE) Rodrigo Arenas, «demander aux parents d’assumer 200 euros par mois à une famille avec deux enfants est une aberration, d’autant plus que les masques sont une question de santé publique».

Des masques pourront être fournis gratuitement aux familles «en grande difficulté», a précisé vendredi le ministre, rappelant que l’allocation de rentrée scolaire pour les foyers les plus modestes avait été majorée de 100 euros cette année.

Concernant les gestes barrières, Rodrigo Arenas confie au Figaro être d’autant plus inquiet que le lavage des mains à l’école lui semble problématique : «depuis toujours les sanitaires des écoles sont le point noir des établissements scolaires. On ne peut pas dire ”il faut se laver les mains” tout en sachant qu’il y a des problèmes au niveau des sanitaires. On ne peut pas aller à l’école si les conditions ne sont pas réunies», tranche la FCPE.

Jean-Michel Blanquer a également préconisé aux parents d’«éviter» de se rendre en classe à la rentrée, même pour accompagner les enfants les plus petits. «Il va falloir attendre le dernier moment pour être sûr que les modalités seront celles annoncées. Pour l’instant, on sent que tout est un peu fébrile, et il faudra faire preuve de beaucoup de pragmatisme et d’adaptabilité. Tout peut changer, on attend la semaine prochaine», lance Cécile Frattaroli, rappelant que le ministre doit de nouveau prendre la parole, le 26 août, sur l’organisation de la rentrée scolaire. D’autres annonces pourront intervenir à ce moment-là.