La coalition de l’ex-président, le FCC, accuse la RTNC d’avoir censuré deux déclarations du Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba. La première a eu lieu fin juin, lors du désaccord du chef du gouvernement sur l’interpellation du ministre de la Justice. La seconde intervention qui aurait été censuré portait sur les ordonnances du président Tshisekedi pour les nominations au sein de l’armée et de l’appareil judiciaire. Le patron de la RTNC nie toute censure.

 

Plusieurs responsables à la primature tenue par des pro-Kabila, s’en plaignent. Et face aux critiques, le directeur général de la RTNC, Ernest Kabila Ilunga, rétorque, en estimant que « c’est un faux problème ».

« On n’a pas imposé la censure aux éléments de la primature. Il y a deux déclarations du Premier ministre qui n’ont pas été diffusées ici chez nous. Nous avons trouvé qu’elles pouvaient embraser le pays, c’est ainsi que nous nous sommes abstenus, car le rôle de la chaîne publique est de contribuer à la consolidation de la paix et surtout la consolidation de l’unité nationale », a-t-il déclaré à RFI.

Le directeur affirme, en outre, que d’une « manière savante » son média a également refusé de relayer les trois appels du parti présidentiel le Front commun pour Congo et de l’opposition à manifester dans les rues pour « éviter l’arbitraire ». L’entourage du chef du gouvernement congolais accuse la présidence d’avoir pris en otage ce média qui relève du ministère de la Communication, actuellement dirigé par un ministre issu du camp Tshisekedi.

La RTNC, est-elle réellement soumise à une censure présidentielle ?

Des responsables et journalistes affirment que l’Agence nationale des renseignements (ANR) qui relève de la Présidence censurerait depuis quelques mois des reportages consacrés aux activités notamment des institutions pilotées par des membres du camp Kabila. Ces allégations auxquelles la présidence congolaise n’a pas encore réagi inquiètent pourtant Alain Kabongo, secrétaire exécutif de l’Observatoire pour la liberté de la presse (Olpa).

« C’est une dérive. Nous pensions qu’avec l’avènement du nouveau pouvoir, le bureau de l’ANR qui était installé au sein de la RTNC a été fermé, hélas, ce sont les mêmes pratiques que nous avons dénoncées et combattues sous Mobutu et Kabila qui se poursuivent. C’est inadmissible. Nous en appelons aux autorités d’éviter de transporter leur guéguerre FCC-Cach sur le media public qui doit être neutre et impartial », déclare –t-il.

Ce défenseur des droits de la presse poursuit : « Si déjà les autorités, ceux qui nous gèrent n’ont plus accès aux médias publics, que sera le sort de l’opposition, de la société civile ou des citoyens lambda ? », s’est–il interrogé, en pestant contre les « pratiques liberticides sous le règne de Tshisekedi. »

Censurer n’a pas suffi et le week-end dernier, le porte-parole du Premier ministre qui avait signé et lu les deux déclarations a été entendu par l’ANR. Pour l’opposition, aucun des deux camps au pouvoir n’est prêt à perdre le contrôle de ce média.

(rfi)