La chambre des représentants a examiné le mercredi 13 janvier l’acte d’accusation à l’encontre du président américain pour « incitation à l’insurrection », quelques jours après les émeutes du Capitole qui ont fait cinq morts.

J-7 avant la fin du mandat de Donald Trump. Le président sortant n’a jamais été aussi proche de la sortie de la Maison Blanche. Et pourtant, un an après son premier procès en destitution, le magnat de l’immobilier pourrait se retrouver sous le coup d’une nouvelle procédure d’impeachment.

Les démocrates ont présenté lundi 11 janvier, un acte d’accusation à l’encontre de Donald Trump pour « incitation à l’insurrection », quelques jours après les émeutes du Capitole qui ont fait cinq morts et ébranlé le pays.

Alors que l’acte d’accusation doit être examiné ce mercredi par la Chambre des représentants, cette procédure, à une semaine de la fin de mandat officiel de Donald Trump, interroge.

Une sortie anticipée ?

L’idée de démettre de ses fonctions le président américain avant la fin de son mandat, semble peu probable. Cependant, la procédure de destitution, comme le rappelle le Washington Post, peut se poursuivre au-delà du 20 janvier.

« Le processus de mise en accusation peut être long ou court, détaillé ou non, selon le choix du Congrès. Le Sénat peut organiser un procès pour savoir s’il faut condamner M. Trump même après la fin de son mandat, ce qui semble le plus probable à ce stade » peut-on lire dans le quotidien américain.

D’autres options ont été envisagées pour précipiter la sortie de Donald Trump. Vendredi, la démocrate Nancy Pelosi a demandé au Président de démissionner, invoquant la démission de Richard M. Nixon dans le cadre du scandale du Watergate.

Puis un ultimatum a été posé à Mike Pence. Les démocrates ont appelé le vice-président afin qu’il démette de ses fonctions Donald Trump, en vertu du 25e amendement de la constitution. Ce que Mike Pence a refusé, mardi soir, estimant « qu’un tel acte n’est pas dans le meilleur intérêt de notre nation ni ne correspond à la Constitution ».

Un procès symbolique et historique

Conscients que ces scénarios étaient peu probables, la procédure de destitution constitue désormais la seule arme dont disposent les démocrates pour punir le président.

« Ils savent bien que Donald Trump quitte son poste dans (huit) jours, mais ils estiment que cet acte ne peut rester impuni » écrit dans le New York Times un journaliste présent lors des émeutes du Capitole. « Des membres du Congrès des deux partis se sont tout de même retrouvés allongés face contre terre avec des masques à gaz, se préparant au pire » poursuit-il.

Même analyse pour Hank Johnson. Le représentant démocrate de Géorgie, interrogé par France Info, considère qu’il faut destituer Donald Trump « pour l’Histoire »« Ces événements doivent être consignés et il faut consigner que le Congrès a agi pour y répondre, et ce, de la manière la plus sérieuse possible. »

Pour l’élu, même si Donald Trump n’a plus que quelques jours de mandat à exercer, il est important « que l’Histoire se souvienne » du 45e président des États-Unis comme de celui qui a fait l’objet « non pas d’une, mais de deux procédures de destitution ».

Manœuvre politique

Selon plusieurs médias américains, la procédure vise surtout à écarter le milliardaire républicain de la vie politique. Donald Trump a effectivement fait du bruit quant à une nouvelle candidature à la présidence en 2024. Or, « cette perspective inquiète de nombreux démocrates et complique les ambitions d’autres républicains qui s’imaginent dans le Bureau ovale » indique le site d’information Bloomberg.

Pour Vox, l’objectif est même de « l’empêcher d’occuper une fonction fédérale à l’avenir », à la Maison Blanche ou ailleurs. Bloomberg rappelle en effet que si Donald Trump devait être de nouveau mis en accusation (impeached) par la Chambre des représentants et condamné, cette fois, par la majorité des deux tiers requise au Sénat, les sénateurs pourraient également voter pour le disqualifier de ses futures fonctions fédérales.

Soutenu par un de nombreux démocrates à la Chambre des représentants, l’acte d’accusation, examiné ce mercredi, devrait être facilement adopté.

Mais le doute demeure sur le déroulement, et l’issue, du procès qui devra ensuite avoir lieu au Sénat, aujourd’hui à majorité républicaine. Les démocrates en prendront le contrôle le 20 janvier mais ils auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à sa condamnation.

Et si, comme le souligne Politico, de plus en plus de Républicains soutiennent la procédure de destitution, la crainte d’un retour de bâton est palpable, selon le New York Times : « On craint que cela n’entraîne une sorte de retour de bâton où Trump devient un martyr, un héros culte, et où il finit par exercer une plus grande influence sur la vie américaine ».