La statue de Colbert, érigée devant l’Assemblée nationale, a été taguée mardi à la peinture rouge. On pouvait y lire l’inscription «Négrophobie d’Etat». Des sources parlementaires ont fait savoir à l’AFP que l’auteur de cet acte avait été arrêté. Une vidéo postée sur Twitter par la «Brigade antinégrophobie» montre l’auteur du tag être interpellé par la police et se justifier: «Ce qui est interdit, c’est le racisme.

Cet homme-là (Colbert, ndlr) fait l’apologie de la négrophobie». Ministre de Louis XIV, Colbert est considéré comme à l’initiative du Code noir, rédigé en 1685 et qui a légiféré sur l’esclavage dans les colonies françaises.

Ce n’est pas la première statue vandalisée en France ces derniers jours. La statue de Faidherbe à Lille, ou celle du général Gallieni à Paris, ont toutes les deux été taguées. Dans le sillage des manifestations antiracistes dans le monde à la suite de la mort de l’Américain George Floyd, les monuments et statues liés à l’histoire coloniale française ou à la traite négrière se retrouvent à nouveau au centre d’une polémique mémorielle. «La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre Histoire, toutes nos mémoires», avait déclaré Emmanuel Macron lors d’une allocution télévisée le 15 juin.

Auprès de Paris Match, le député européen de La France insoumise, Younous Omarjee, avait expliqué : «Ces actes disent beaucoup plus que ces statues elles-mêmes devant lesquelles on passe et qui n’enseignent rien. Beaucoup de gens aujourd’hui découvrent le Code Noir et découvrent que Colbert n’a pas seulement bâti des forêts.

Mais a chosifié les Noirs comme un bien meuble.» Le député propose que le Parlement de Strasbourg reconnaisse solennellement que la traite négrière et l’esclavage sont des crimes contre l’humanité. «Tout de même si nous considérons que l’esclavage est un voyage de l’humanité au bout de la nuit, qu’on s’abstienne d’ériger à la gloire et en pleine lumière des négriers qui sont des criminels contre l’humanité.

Il ne viendrait à l’esprit de personne de défendre que soit érigé une statue à la gloire d’un nazi non ? Dans le récit national, on opère des choix. Ceux qui sont faits en disent long», a-t-il ajouté.