Pour la première fois depuis 1994, le chef-d’œuvre de Johannes Vermeer intitulé La Jeune Fille à la perle a fait l’objet d’un examen scientifique. Les résultats obtenus n’ont toujours pas permis d’identifier la modèle ni même de savoir s’il s’agit d’une vraie personne, a annoncé dans un communiqué le Mauritshuis de La Haye qui l’expose depuis 1903.

Cependant, plusieurs points ressortent de l’investigation. Le plus remarquable : la découverte de cils autour des yeux de la jeune fille. Invisible à l’œil nu, un scanner à rayon X a permis de détecter ce détail offrant alors «un aperçu d’une peinture beaucoup plus humaine qu’on ne le pensait auparavant», comme l’explique le musée.

L’analyse du tableau a également démontré, grâce à un pli dans le coin supérieur droit, que le sujet avait été dessiné sur un rideau vert. L’arrière-plan du tableau de 1665 n’est donc pas un simple espace sombre vide. Mais au cours des siècles, les changements physiques et chimiques de la peinture ont détruit le rideau en question.
Des pigments du monde entier
Des modifications de composition ont aussi été découvertes. Cette jeune femme au regard énigmatique, coiffée d’un bandeau bleu et jaune, une perle nacrée pendant à l’oreille, a été retouchée au moins une fois par l’artiste. La position de l’oreille, le haut du foulard ainsi que l’arrière du cou ont ainsi été décalés.
En ce qui concerne la peinture utilisée, les techniques infrarouges ont dévoilé de nombreux secrets de composition et de choix de couleurs. Johannes Vermeer a donc commencé à composer son tableau de différentes nuances de brun et de noir par de larges coups de pinceau. Les sous-couches étudiées montrent aussi que les contours du modèle ont été tracés avec de fines lignes de couleur noires.

Mais si la composition en arrière-plan se révèle bien sombre, ce n’est pas le cas pour le reste de l’œuvre ; sa palette de couleur puise ses pigments un peu partout dans le monde. L’examen scientifique a démontré que la perle, le blanc de ses yeux ou encore son col ont été peints en utilisant de la céruse provenant de la région de Peak District en Angleterre. L’ocre utilisée pour ses vêtements provient d’Europe. Les teintes rougeâtres proviennent, elles, d’insectes présents dans des cactus du Mexique et d’Amérique du Sud, tandis que le bleu outremer provient de lapis-lazuli d’Afghanistan, un minerai «plus précieux que l’or» d’après le Mauritshuis.

Une identité toujours aussi bien gardée
Si la composition du tableau perd peu à peu de mystère grâce aux nouvelles technologies, l’identité de la Jeune Fille à la perle reste encore aujourd’hui inconnue. «La modèle n’a malheureusement pas encore révélé le secret de son identité, mais nous avons appris à la connaître un peu mieux», a déclaré Martine Gosselink, la directrice du musée.

Qui est la muse de Johannes Vermeer ? A-t-elle seulement existé ? Une question encore sans réponse mais qui ne sera pas laissée tel quel. «Sachez que ce n’est pas le point final de notre recherche, mais une station intermédiaire, précise la directrice. Nous voulons aller encore plus loin dans la recherche. Les possibilités techniques continuent de se développer. Les collaborations se multiplient, tout comme le désir d’en savoir plus.» La «Joconde du Nord» a encore quelques secrets à livrer.