Parmi les tout premiers réseaux de résistance à répondre à l’appel du 18 juin 1940, celui du musée de l’Homme, à Paris. Il se base sur les idéaux antiracistes qui ont présidé à l’ouverture du musée, trois ans auparavant, en 1937, et son influence sera considérable.
Évasions de prisonniers, renseignement et propagande… Le réseau du musée de l’Homme est l’une des premières organisations clandestines de Résistance en France. Fondé par une bibliothécaire, Yvonne Oddon, et deux ethnologues d’origine russe, Boris Vildé et Anatole Lewitsky, il compte une centaine de membres en octobre 1940. Un engagement dans la droite ligne de celui du fondateur du musée, Paul Rivet, qui lui devra s’exiler en Colombie pour échapper à la Gestapo.
« La résistance au musée de l’Homme entre dans une certaine logique puisque les anthropologues, les ethnologues de l’époque, dès les années 1930, avec à leur tête Paul Rivet, le directeur du musée de l’Homme, publiaient une revue qui s’appelait “Races et racisme”, étaient évidemment dans la promotion de l’égalité entre les hommes, rappelle André Delpuech, le directeur du musée de l’Homme. Et Paul Rivet avait constaté lui-même ce qui se passait sur place, en Allemagne, avec la montée du régime nazi. Donc assez logiquement, par leur démarche intellectuelle, les anthropologues du musée, dès l’été 1940, se sont positionnés contre l’invasion allemande et contre le régime de Vichy. C’est comme ça que le réseau de la Résistance s’est structuré dès les premières heures de l’occupation allemande. »
Les dirigeants du réseau du musée de l’Homme furent arrêtés sur dénonciation début 1941 : sept hommes sont fusillés un an plus tard, et trois femmes déportées. Aujourd’hui, l’antiracisme demeure une des valeurs cardinales de ce musée militant. Un hommage sera rendu aux résistants dans une exposition à la fin de l’année.