Une enquête de StreetPress a mis au jour un groupe privé regroupant quelque 8000 membres des forces de l’ordre. Les messages racistes et sexistes ne manquent pas.

Dans un contexte de mobilisation contre le racisme et les violences policières, voici de quoi renforcer les critiques contre les forces de l’ordre. Selon une enquête de StreetPress publiée jeudi, des policiers gendarmes postent des montages, messages et commentaires racistes et sexistes sur un groupe Facebook privé réservé aux forces de l’ordre. Parmi les messages, on trouve par exemple un montage avec une portière d’une voiture de police, en référence à la jambe fracturée d’un homme à Villeneuve-la-Garenne à la suite d’un accident impliquant la police.

Ce groupe Facebook privé, créé en 2015, est baptisé “TN Rabiot Police Officiel” et réunit plus de 8000 membres : des policiers principalement, des gendarmes et membres de familles de fonctionnaires. On y trouve de nombreux messages racistes, sexistes ou homophobes – malgré une charte de déontologie qui y interdit les propos haineux, racistes ou diffamatoires.

Des drames moqués, quelques voix dissonantes
Comme le révèle StreetPress, certains drames mettant en cause les forces de l’ordre constituent des sujets récurrents. Outre l’accident à Villeneuve-la-Garenne, on peut y lire de nombreux messages sur les jeunes circulant en moto-cross. C’est justement dans un accident avec ce véhicule qu’un jeune homme de 18 ans est décédé le 17 mai, à Argenteuil (Val-d’Oise). L’adolescent a percuté un poteau électrique en béton, sans casque, et très rapidement, la rumeur d’une bavure policière a circulé dans le quartier, provoquant des violences urbaines. Selon le parquet de Pontoise, il n’y a pourtant pas eu de collision entre le véhicule et la moto-cross.

Comme le note StreetPress, des policiers tentent parfois de calmer leurs collègues. Des voix peu nombreuses, vites écrasées par les autres. Contacté par StreetPress, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu aux questions. Elles ont aussi été envoyées aux administrateurs du groupe qui n’ont pas non plus répondu.

Des policiers renvoyés en conseil de discipline
Hasard du calendrier, le patron de la police, Frédéric Veaux, a annoncé jeudi à l’AFP que des policiers de Rouen, mis en cause en décembre 2019 pour des propos racistes échangés en privé sur la messagerie Whatsapp, sont renvoyés en conseil de discipline à la suite d’une enquête disciplinaire. L’affaire a démarré avec le dépôt de plainte d’un policier noir, affecté à l’Unité d’assistance administrative et judiciaire, contre six de ses collègues de Rouen après avoir découvert qu’il était la cible de propos racistes de leur part.

Une enquête préliminaire avait été ouverte et l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) avait été saisie “du chef de diverses infractions, notamment diffamation non publique aggravée et provocation non publique à la discrimination”, avait indiqué en janvier 2020 à l’AFP le procureur de la République Pascal Prache. Jeudi, Arte Radio a diffusé les propos de ces policiers, redonnant de l’écho à cette affaire au moment où la police est accusée de violences et de racisme.

Frédéric Veaux a affirmé qu’il “veillerait à ce que toutes les conséquences administratives soient tirées de ces actes qui n’ont évidemment pas leur place dans la police nationale et appellent les réponses les plus sévères”. Le DGPN a rappelé qu’une enquête préliminaire avait été ouverte mais qu’il ne lui “appartenait pas de la commenter”. “La police en France n’est pas raciste. Elle souffre de ces comportements qui ne correspondent en rien aux valeurs républicaines qu’elle défend”, a-t-il ajouté.