Improbable sauveur du Paris-Saint-Germain, l’attaquant germano-camerounais Choupo-Moting aa expédié, mercredi 12 août, son club en demi-finale de la Ligue des champions, en inscrivant le but vainqueur, à une minute du terme de la partie, face à l’Atalanta Bergame (2-1). Pour la première fois depuis que QSI, le fonds souverain du Qatar, a repris le club de la capitale (en 2011), le PSG franchit le cap des quarts de finale de la compétition phare en Europe. Et ce, au terme d’un invraisemblable retournement de situation, car les Parisiens ont été menés jusqu’à la 90e minute par des Bergamasques inspirés.
« On va affronter une équipe spéciale, qui joue beaucoup les un contre un, attaque à sept dans la surface adverse et ce sera compliqué, prévenait Thomas Tuchel en conférence de presse mardi. Mais nous sommes aussi une équipe très forte. Nous sommes confiants. On a des raisons de l’être. »
Une confiance que ses hommes ont peiné à afficher tout au long du match. Opposé à l’équipe coqueluche de cette édition de la Ligue des champions, qui dispute la compétition pour la première fois de son histoire et enchante par son jeu léché, Paris s’attendait à souffrir. Mais, privés de Kylian Mbappé en début de match en raison de sa blessure à la cheville, les Parisiens misaient sur leurs individualités pour franchir l’obstacle lombard.
Dans l’enceinte vide du Stade de la Luz de Lisbonne, où se déroule le « Final 8 » de la compétition, pandémie de Covid-19 oblige, les Bergamasques ont débuté la partie à l’image de leur saison : le pied sur l’accélérateur. Dès la troisième minute, une incursion atalante trouve les gants de Keylor Navas. En réponse, Neymar prend la profondeur depuis le cercle central, sème la défense adverse, mais, arrivé seul face au gardien, ouvre trop son pied. Le premier d’une série d’échecs pour l’étoile brésilienne, brillante mais esseulée.
Impressionnant pressing lombard
Dans la mythologie grecque, l’héroïne Atalante est décrite comme une redoutable chasseresse. A l’instar de celle dont ils portent le nom, les Bergamasques n’ont pas retenu leurs flèches. Mais à plusieurs reprises, le portier costaricain du PSG s’interpose. L’ancien du Real Madrid, recruté pour faire passer un cap au club francilien, rassure.
Défensivement, les Parisiens sont fébriles, subissant la pression tout terrain des hommes de Gian Piero Gasperini. « On a envie de montrer qu’une équipe comme la nôtre mérite d’être à cette table, assénait l’entraîneur italien, mardi, en conférence de presse. On n’a pas une grande histoire européenne mais on est en mesure d’obtenir des résultats, avec une idée de jeu, une envie de bien faire, de la passion. » Dans le monde selon « Gasp », l’Atalanta « ne doit pas dénaturer le jeu ni les idées qui [lui] ont permis d’arriver » en quart de finale.
Résolument offensive, l’équipe se retrouve régulièrement entièrement dans le camp parisien, à l’exception de Marco Sportiello, le gardien – d’ordinaire remplaçant ; et pose de gros problèmes aux joueurs parisiens. A l’exception du soliste Neymar, le jeu léché de l’Atalanta expose un collectif parisien manquant cruellement de liant.
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Mbappé entre, Gómez sort
Le PSG le paie. En dépit d’une large possession de balle et d’une domination globale, les hommes de Thomas Tuchel cèdent sur une percée de leurs adversaires. Au terme d’une attaque impliquant six joueurs, Zapata parvient à décaler Mario Pašalić en profitant d’un contre chanceux. L’ancien partenaire de Mbappé à Monaco ajuste Navas et déchire la lucarne (1-0, 27e).
Plus encore que les trombes d’eau qui se sont abattues sur la capitale française en début de soirée, les Parisiens se retrouvent douchés par le collectif adverse. Ils échouent à exploiter les énormes espaces ouverts par le pressing des Lombards. Au terme d’un nouveau numéro d’équilibriste, Neymar manque le cadre. Puis trouve les gants de Sportiello sur coup franc.
Le début de seconde période ne voit pas les partenaires de Thiago Silva inverser la tendance. Après une nouvelle occasion italienne signée Djimsiti, Thomas Tuchel fait entrer Kylian Mbappé, à une demi-heure du terme de la partie, comme annoncé avant le match, le champion du monde français étant trop juste pour disputer une rencontre entière depuis sa blessure en finale de Coupe de France. En parallèle, le capitaine et maître à jouer de l’Atalanta, Papu Gómez, quitte la pelouse en grimaçant.
Marquinhos puis Choupo-Moting en sauveurs
Autant la première période a été enlevée, autant les vingt-deux acteurs ont peiné à trouver un second souffle après la pause. Blessé, Keylor Navas est contraint de laisser la place après un long moment d’incertitudes. Et si un jaillissement de Mbappé, bien lancé par Paredes, échoue dans les gants de Sportiello, les Parisiens semblent perdre le fil de la partie, assiégeant les cages lombardes sans inquiéter outre mesure la défense italienne. Alors que Mauro Icardi traverse la rencontre en fantôme, le spectre des éliminations précédentes du PSG en Ligue des champions survole le stade lisboète.
Une fois encore, comme face à Manchester United l’an passé, face au Real Madrid il y a deux ans, ou le FC Barcelone en 2017 – lors de la désormais célèbre « remontada » – en huitièmes de finale, le club dirigé par Thomas Tuchel allait-il céder face au plafond de verre, incapable de franchir un adversaire semblant à sa main ? Malmené, en dépit de l’entrée incisive de Mbappé, le club de la capitale semblait en prendre le chemin.
Jusqu’à ces 149 secondes qui ont changé le cours de sa saison. Et peut-être de son histoire. A l’orée du temps additionnel, Eric-Maxim Choupo-Moting, buteur remplaçant en raison du départ d’Edinson Cavani du club parisien, renverse le jeu vers Neymar, qui contrôle et voit son tir dévié vers Marquinhos qui, lui, envoie la balle dans les buts adverses (1-1, 90e).
Au tour de l’Atalanta, dont certains joueurs s’étaient peut-être déjà vus en demi-finale, de déchanter. Avant de voir le ciel leur tomber sur la tête. Moins de trois minutes après le but égalisateur, Choupo-Moting, mascotte des supporteurs mais dont la place parmi les stars parisiennes peut surprendre, offre la victoire et la qualification. « Quand je suis entré je me suis dit non, on ne peut pas rester comme ça…, a soufflé le buteur après la rencontre, au micro de RMC Sport. J’ai tout donné, je suis très content que ça ait marché. »
Mercredi, le Paris-Saint-Germain a soufflé les cinquante bougies de son existence. Cinquante ans et une seconde qualification pour le dernier carré de la Ligue des champions, la première depuis la reprise du club par le Qatar.
Si de nombreuses questions se posent, sur le manque de liant du collectif, et la multiplication des absences, l’essentiel est assuré. Dans cette étrange année 2020, après plus de cinq mois de coupure en raison du coronavirus, le PSG est en demi-finale de la Coupe aux grandes oreilles. Et peut rêver, avant d’affronter mardi le vainqueur du quart de finale Leipzig – Atletico Madrid (à suivre jeudi 13 août, en direct sur Lemonde.fr), à prolonger l’aventure.