Une nouvelle interdiction de voyager aux États-Unis, décrétée par le président américain Donald Trump, entre en vigueur ce vendredi. Elle vise cette fois les immigrants potentiels du Nigeria, de l’Érythrée, du Kirghizistan, du Myanmar, du Soudan et de la Tanzanie. Cette décision affecte des milliers de personnes et relance le débat sur la question de savoir si cette politique est discriminatoire, alors que Trump a fait de la répression de l’immigration un sujet majeur de la campagne pour sa réélection.

Sur les six pays ajoutés à l’interdiction, quatre sont des nations africaines et trois ont des populations à majorité musulmane. Les démocrates et les défenseurs de l’immigration accusent l’administration Trump de chercher à étendre son interdiction initiale de 2017 qui ciblait les pays à majorité musulmane et de se concentrer de manière disproportionnée sur les pays africains. La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a critiqué l’interdiction, la qualifiant de «discrimination déguisée en politique».

De nouvelles restrictions
Les États-Unis vont concrètement suspendre la délivrance de visas qui peuvent conduire à la résidence permanente pour les ressortissants de l’Érythrée, le Kirghizistan, le Myanmar et le Nigeria. Les visas temporaires pour les touristes, les hommes d’affaires, les étudiants et les travailleurs de ces pays ne seront pas touchés. Washington cessera également de délivrer des «visas de diversité» – à destination des ressortissants des pays ayant un taux d’immigration faible aux États-Unis – aux ressortissants du Soudan et de la Tanzanie.

Le secrétaire à la Sécurité intérieure par intérim, Chad Wolf, a expliqué lors d’un entretien avec des journalistes, que les six pays concernés n’ont pas respecté les normes américaines en matière de sécurité et d’échange d’informations, justifiant ces nouvelles restrictions. Wolf a notamment mis en avant les problèmes rencontrés dans l’échange d’informations sur les criminels et les personnes soupçonnées de terrorisme.

L’administration a assuré que la nouvelle interdiction était étroitement adaptée. Les visas d’investisseurs, qui mènent à la résidence permanente, sont interdits mais les restrictions ne s’appliquent pas aux travailleurs étrangers qualifiés entrant aux États-Unis avec des visas H-1B, selon un fonctionnaire duDeparment of Homeland Security. Ces visas sont temporaires, mais peuvent conduire à la résidence permanente. Les immigrants déjà aux États-Unis, ou possédant un visa déjà approuvé, sont exemptés de l’interdiction, a ajouté le fonctionnaire. Les personnes ayant des demandes de visa en attente, dont certaines ont attendu des années, verront leur demande refusée.

Une mesure très populaire chez les républicains
Tous les demandeurs peuvent demander une dérogation, un processus déjà en place depuis le premier «travel ban». Mais le processus de demande de dérogations est accusé d’être opaque et difficile à comprendre. Les restrictions de visa ne s’appliquent pas aux réfugiés mais l’administration Trump a plafonné leur nombre autorisé aux États-Unis à 18 000 pour l’année 2020, le niveau le plus bas depuis des décennies.

Jusqu’à présent, l’interdiction comprenait l’Iran, la Libye, la Somalie, la Syrie et le Yémen. La Corée du Nord et le Venezuela sont également confrontés à des restrictions de visa, mais ces mesures affectent relativement peu de voyageurs. La nouvelle interdiction de voyager, qui entre en vigueur ce 21 février, s’ajoute donc aux restrictions précédentes.

En 2015, alors qu’il était candidat à la présidence, Trump avait appelé à «un arrêt total et complet de l’immigration musulmane aux États-Unis». À seulement 9 mois de l’élection présidentielle, le leader républicain compte bien être réélu, en relançant notamment le débat sur l’immigration avec sa politique d’interdiction de voyager, très populaire auprès des partisans républicains.

Source Lefigaro