La France a instauré le confinement de la population le 17 mars dernier pour endiguer l’épidémie de coronavirus.
Une situation contraignante mais nécessaire qui bouleverse le quotidien de nombreuses familles.
Des couples récemment séparés ou en instance de divorce se retrouvent confinés ensemble faute de logement alternatif ou pour éviter les trajets pour voir leurs enfants.

Vivre confiné avec son conjoint peut déjà s’avérer compliqué. Mais pour celles et ceux qui viennent de rompre et sont contraints de rester sous le même toit, le confinement relève de l’exploit. C’est pourtant ce que traversent de nombreux couples en ce moment. Faute d’avoir trouvé un nouveau logement ou pour éviter les allers-retours fréquents pour voir leurs enfants, certains couples séparés se retrouvent confinés ensemble.

Comment tourner la page, avancer et ne pas se déchirer en étant toute la journée aux côtés de celle ou celui que l’on vient de quitter ?

Des couples se confient sur les efforts considérables déployés depuis une semaine pour supporter ce confinement sans entamer le lien qui continue de les unir. S’ils décrivent un quotidien émaillé d’inévitables tensions, certains y voient aussi des opportunités.

Des tensions inévitables difficiles à gérer

Après cinq ans de relation, Emilie et son conjoint ont pris la décision, en janvier dernier et « d’un commun accord », de se séparer. « Comme j’étais encore en période d’essai pour un nouveau travail, et le marché de l’immobilier étant ce qu’il est en Ile-de-France, nous avons continué à cohabiter ». Avant le confinement, cette vie à deux tout en étant séparés « se passait relativement bien », raconte-t-elle. Mais depuis le 17 mars et l’instauration du confinement pour lutter contre le coronavirus, le quotidien du couple s’est brusquement assombri. « Le premier jour, on s’est crié dessus toute la matinée. Quand on se sépare, c’est hélas parce qu’on n’arrive plus à supporter les défauts de sa moitié. Et là, en étant 24 heures sur 24 l’un sur l’autre, je pense qu’on appréhendait tous les deux de devoir encore faire face à ce qui nous agaçait mutuellement », analyse Emilie.
« Cette situation est très compliquée à gérer psychologiquement. Lui n’a pas envie que je parte et j’ai peur que cette cohabitation contrainte lui donne de faux espoirs »

Ces petits rien devenus insupportables, Vanessa aussi les redoute. À 41 ans, cette mère peine à cacher son agacement : « Tous ses côtés que je ne supportais plus au quotidien sont démultipliés. Avant, je pouvais laisser tomber, mais depuis que nous sommes confinés, ça m’insupporte. » Résultat, le couple enchaîne « les disputes pour des broutilles ». Et le huis clos ravive parfois la douleur provoquée par la rupture.

Après trois ans de relation, Mary Line, 36 ans, a annoncé à son ami son intention de le quitter. Mais la location de l’appartement dans lequel elle devait emménager a finalement été annulée par le propriétaire à l’instauration du confinement. Le couple, fraîchement séparé, se retrouve donc réuni. « Cette situation est très compliquée à gérer psychologiquement. Lui n’a pas envie que je parte et j’ai peur que cette cohabitation contrainte lui donne de faux espoirs », confie-t-elle.

« On ne veut pas que ce soit la guerre »

Mais pour l’immense majorité des couples qui ont accepté de témoigner pour 20 Minutes, cette situation exceptionnelle appelle de leur part un comportement qui l’est tout autant. À 27 ans, Léa décrit une relation « apaisée » : « On ne veut pas que ce soit la guerre, on ne veut pas se disputer. Le soir, quand on rentre, on mange ensemble, on discute. Le tout, c’est de trouver des moments et des activités à soi sans se marcher dessus. »

Et la présence d’enfants communs est souvent salutaire pour les couples séparés. « Malgré nos différences d’opinions, nous essayons de faire en sorte que tout se passe bien, pour les enfants notamment », explique Jérôme, 43 ans, en instance de divorce depuis le mois de février et confiné avec sa future ex-femme. Même constat pour Stéphane, séparé de sa compagne depuis près d’un an et officiellement divorcé depuis deux semaines. Ce papa d’un petit garçon de trois ans s’estime même privilégié, conscient des crises violentes que peuvent traverser certains couples après ou pendant une rupture. « Nous avons la chance d’être en bons termes et d’essayer d’être bienveillants l’un envers l’autre, même si des tensions surgissent forcément », reconnaît le père de famille.

D’autres ont même fait le choix de revenir auprès de leur ex pour partager cette période difficile avec leur enfant commun. C’est le cas de Lucas qui dit vivre « en bonne intelligence » avec son ex-femme. Evitant ainsi les trajets pour la garde alternée, le jeune papa explique : « Ça nous a paru être la meilleure solution pour le bien-être de notre enfant. »
Des couples confortés dans leur choix

Plus surprenant encore, certains parviennent à voir dans cette cohabitation forcée des aspects positifs. « Cette situation nous rappelle pourquoi nous ne vivons plus ensemble depuis un an », note par exemple Stéphane. Car faire le choix de partir est souvent difficile et douloureux, abonde Mary-Line : « Il me traite bien, il y a beaucoup de respect entre nous. Mais je me rends compte aussi en restant confinée auprès de lui que j’ai pris la bonne décision en lui annonçant que je voulais qu’on arrête », glisse-t-elle.

Ce temps à deux peut aussi être mis à profit pour adoucir une rupture qui aurait pu être plus brutale, relate Gaëlle, 41 ans : « Ça ne va pas recoller les morceaux mais ça permet de mettre les choses au clair et de rétablir un peu la communication. » Quant aux parents séparés, la gestion du quotidien s’avère plus simple et plus équilibrée en étant momentanément réunis, poursuit Gaëlle : « C’est même mieux pour une question d’organisation ! Parce que pour travailler et faire l’école à la maison, je vous assure qu’on n’est pas trop de deux. » Stéphane, fervent optimiste, complète : « Le positif dans tout cela, c’est que nous voyons tous les deux notre fils tous les jours et nous pouvons nous appuyer l’un sur l’autre pour concilier travail à domicile, tâches domestiques et moments avec notre enfant ».

source 20minutes