Il était jusque-là caché sous des vêtements, laissant planer un joli doute, sur sa taille. Mais depuis quelques jours en France où le port du masque se généralise, et avec lui la débrouillardise pour en fabriquer, le bonnet de soutien-gorge s’affiche sur le bas du visage.

Ce alors qu’à Cachan, la mairie annonce avoir commandé 32 000 masques à Chantelle pour protéger les habitants de l’épidémie de Covid-19. La célèbre marque de lingerie, fondée en 1876, est installée depuis plus de trente ans sur le territoire cachanais.

Des masques à usage non sanitaire, réutilisables
Mais point de bonnets recyclés à attendre, en guise de protection. Ce sont de « vrais » masques en tissu qui vont être distribués « au moment du déconfinement ». Ils sont de catégorie 1 (et 2), réutilisables, à usage non sanitaire. Ils répondent aux normes de fabrication Afnor et ont été validés par la Direction générale de l’armement. Chaque semaine, 500 000 sont conçus dans les usines du groupe qui compte en fait cinq marques : Chantelle, Passionata, Chantal Thomass, Femilet, Livera.

« Quand il a été question du port du masque pour tout le monde au moment du déconfinement, nous avons réuni notre cellule de crise et j’ai tout de suite pensé à Chantelle », explique la maire (PS) de Cachan Hélène de Comarmond. La mairie met en avant des masques « 100 % cachanais » qui constituent « un geste barrière de plus ». Ils seront distribués lors du déconfinement, dans des conditions qui restent pour l’heure à déterminer.

100 000 masques offerts à des associations
Ces dernières semaines, d’autres villes et collectivités en Ile-de-France se sont tournées vers la marque de lingerie : Issy-les-Moulineaux, Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, Palaiseau dans l’Essonne. Des « discussions » sont en cours avec le territoire Grand-Orly Seine Bièvre, à cheval sur le Val-de-Marne et l’Essonne.

« Nous nous sommes mobilisés dès le 18 mars », raconte Guillaume Kretz, directeur général de Chantelle. Moment où le groupe a rejoint « le Comité stratégique de la filière mode et luxe (CSF) nommé par le ministère de l’Economie pour coordonner la filière textile et fabriquer des masques de protection ». S’engageant alors à travailler sur des prototypes, envoyés à la Direction Générale de l’Armement « pour une batterie de tests ».

Soit leur capacité « à filtrer les particules de plus de trois microns », et à permettre de respirer suffisamment. Dans le même temps, l’Association française de normalisation (Afnor) « a mis en place un référentiel en un temps record », relate Guillaume Kretz, en s’appuyant sur les données fournies par le groupe d’échange créé entre industriels textiles.

« Nous serons l’un des plus gros fournisseurs de masques en région parisienne »
Les masques produits dans les usines du groupe « protègent moins que les masques FFP2 ou FFP3, précise Guillaume Kretz. Mais ils apportent déjà une protection ». « Nous nous sommes mobilisés dans un élan de solidarité car notre activité s’arrêtait et parce que nous avons des compétences dans ce domaine », poursuit le directeur général. La marque Chantelle s’est engagée à donner plus de 100 000 masques à des associations, dont le Secours populaire.

Elle a par ailleurs commencé la commercialisation de masques similaires à destination des « employés qui seront les plus exposés », à compter du 11 mai. « Nous serons l’un des plus gros fournisseurs de masques en région parisienne », précise le directeur général de Chantelle, qui fabrique également des blouses dans son atelier d’Epernay (Marne). Le temps presse. « Nous poussons la production de masques au maximum, assure Guillaume Kretz. Il y a une mobilisation générale de toutes les couturières ».