Pour une partie de la France, ce week-end marque le top départ des vacances scolaires. Le calme avant la tempête ? Si l’exécutif a écarté un confinement à ce stade, la situation épidémique reste fragile. Avec 143 325 nouveaux cas détectés la semaine dernière, contre 141 732 la semaine précédente, la circulation du coronavirus s’est stabilisée “à un niveau très élevé”, a relevé Santé publique France (SpF) dans son bulletin hebdomadaire.

Mais qu’en sera-t-il de la situation dans les prochains jours ? Cette stabilité “ne permet pas d’écarter l’hypothèse d’une aggravation de la situation épidémiologique dans les prochaines semaines, liée à la poursuite de la circulation (des) variants”, note l’agence sanitaire.

“Il est probable que le R effectif”, le taux de reproduction qui mesure la dynamique de l’épidémie, “dans un avenir proche va passer largement au-dessus de 1 et donc que des mesures plus strictes que celles qui sont aujourd’hui en place deviendront nécessaires”, a expliqué Daniel Levy-Bruhl, responsable de l’unité infections respiratoires de SpF vendredi.

Une pénétration plus lente du variant
Dans le viseur des autorités, la circulation des virus mutants sur le territoire français. La part des cas suspectés d’être des variants (anglais, sud-africain ou brésilien) s’élevait à 14% de tous les cas détectés en France au 27 janvier, avec un taux proche de 20% en Ile-de-France, selon des résultats encore préliminaires rendus publics jeudi. Au 7-8 janvier, la proportion du variant britannique avait été mesurée à 3,3% des cas positifs.

Comparé à nos voisins, il faut noter une “pénétration beaucoup plus lente” que dans d’autres pays, “probablement par la combinaison d’un certain nombre de mesures qui ont été prises et de freins” en France, a analysé sur RTL le virologue Bruno Lina, chargé de cette cartographie. L’objectif désormais ? “C’est essayer de maintenir cet état le plus longtemps possible”, le temps que la vaccination permette de “réduire le risque des formes graves”, a-t-il poursuivi.

Si la question des variants préoccupe les spécialistes, qu’en est-il des autres indicateurs ? Après avoir augmenté tout au long du mois de janvier, le nombre de malades hospitalisés avec un diagnostic Covid s’est stabilisé cette semaine juste sous les 28 000 personnes (27.572 vendredi soir). Parmi elles, 3235 malades étaient soignés en service de réanimation, soit environ 60% des capacités d’avant la crise sanitaire.

L’exécutif appelle à la prudence
Le Premier ministre Jean Castex a rappelé jeudi que “nombre de nos hôpitaux” devaient encore “décaler des soins moins urgents pour libérer des lits”. Sur les sept jours écoulés, quelque 3300 personnes sont mortes du Covid-19 à l’hôpital, portant le total des décès (hôpital et ailleurs) à 78 603 depuis le début de l’épidémie.

Alors que certains spécialistes voient le confinement comme un pari risqué, l’exécutif a renouvelé ses appels à la prudence pour les Français de la zone A qui ouvrent le bal de cette période des congés scolaires d’hiver, étalée jusqu’au 8 mars. Mais ces vacances auront une saveur plus amer : les remontées mécaniques sont toujours fermées dans les stations de ski, le couvre-feu est maintenu à 18 heures, et des rideaux baissés pour les bars, les restaurants et tous les lieux culturels.

Il y a aussi ceux qui ne prennent pas de congés et qui interpellent le gouvernement. “Pour une heure, un jour, une semaine ou un mois, laissez-nous entrouvrir nos portes, même si nous devions les refermer en cas de nouveau confinement!”, demandent une centaine de directeurs et présidents de centres d’art, emmenés par Emma Lavigne, du Palais de Tokyo, à Paris. Autre initiative, le président du Fonds de dotation ArtNova Frédéric Jousset et la journaliste Florence Belkacem ont adressé vendredi dix propositions au ministère de la Culture pour rouvrir les lieux d’exposition.

360 000 emplois détruits
L’exécutif appelle les entreprises et les salariés à se remobiliser pour accroître le recours au télétravail, en recul depuis novembre. Marquée par la crise sanitaire, l’année 2020 a vu la destruction de 360 500 emplois dans le secteur privé en France, après cinq années de hausse consécutives, selon une estimation de l’Insee vendredi.

En parallèle, la campagne de vaccination se poursuit sur fond d’approvisionnements toujours limités et de contraintes logistiques. Le gouvernement a annoncé que 1,7 million de nouveaux rendez-vous seraient proposés “dans les prochains jours”, pour des piqûres en février et mars. Dès ce week-end, des doses du troisième vaccin disponible dans l’Union européenne, celui d’AstraZeneca, vont être injectées mais en priorité à des soignants de moins de 65 ans, suivant les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS).

Alors que la campagne de vaccination avait commencé en demi-teinte, la France ne fait pas la course en tête avec ses voisins européens. Dans l’Hexagone, on compte 2,6% de sa population ayant reçu au moins une dose (1,773 million de personnes vendredi soir), contre 2,7% en moyenne dans l’Union européenne. Par ailleurs, seulement 0,3% de la population française a déjà reçu ses deux doses (près de 190 000), moins que la moyenne de l’UE (0,8%). L’écart est encore plus grand avec l’Italie (1,6%), l’Espagne (1,3%) ou l’Allemagne (1%), selon des données compilées par l’AFP à partir de sources officielles.