La Moselle est au cœur des préoccupations. L’émergence plus rapide des variants du coronavirus dans le département relance l’hypothèse de mesures restrictives localisées. Le ministre de la Santé Olivier Véran a rencontré, vendredi 12 février à Metz, les élus et responsables locaux pour se pencher sur une situation “inquiétante”. “Le nombre de cas de variants augmente, il est désormais estimé à plus de 100 nouveaux cas par jour”, a-t-il expliqué. C’est l’un des départements métropolitains avec le taux d’incidence le plus élevé (290 cas positifs pour 100 000 habitants entre le 2 et le 8 février, contre une moyenne de 201 pour la France).
Le ministre a annoncé un renforcement de la vaccination et une “intensification” des tests dans le département, mais pas de reconfinement à ce stade, malgré les demandes d’élus locaux. Pourquoi le département échappe-t-il pour le moment à un nouveau confinement ? Eléments de réponse.
Parce que c’est une zone frontalière
“Reconfiner juste notre territoire n’aurait pas de sens, car les échanges professionnels avec l’Alsace, le Luxembourg, l’Allemagne continuent dans une certaine mesure et dès qu’on lèverait ce confinement la circulation reprendrait de plus belle”, a expliqué Fabien Di Filippo, député LR de Moselle, à franceinfo. Pierre Cuny, maire de Thionville, complète : “Un confinement strict serait très compliqué à mettre en place, parce que nous sommes un territoire à très haute transhumance : 150 000 personnes qui traversent quatre frontières, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et la France tous les jours”, a-t-il expliqué. Sans coordination efficace en cas de confinement, les élus locaux craignent que les efforts ne servent à rien pour freiner la circulation du virus.
Parce que le gouvernement préfère d’abord renforcer les tests et la vaccination
Plutôt qu’un reconfinement local, le gouvernement a préféré un renforcement de la politique de tests et de vaccination en Moselle. “Tout cas positif de coronavirus sera désormais considéré dans ce département comme suspect de variant jusqu’à preuve du contraire, c’est-à-dire qu’il bénéficiera d’un contact tracing immédiat, d’une mise à l’abri accompagnée immédiate, d’un isolement porté à dix jours contre sept”, a déclaré Olivier Véran. Un test PCR sera réalisé avant la levée de l’isolement pour les cas positifs et un test PCR sera effectué dès le premier jour sur tous les cas contacts éventuels, a-t-il ajouté.
Pour mettre en place ces mesures, “la Moselle bénéficiera de l’aide de l’équipe du ministère et des autres” agences régionales de santé (ARS), a souligné le ministre. Il a par ailleurs annoncé que “2 000 doses de vaccin Moderna pourront être mises à la disposition de la population, notamment les personnes âgées de 75 ans et plus dans les tout prochains jours”.
Cela répond “en partie aux attentes fortes des Mosellans pour protéger nos populations particulièrement exposées”, a réagi dans un communiqué le président UDI du conseil départemental, Patrick Weiten.
Parce que ce serait un argument pour un reconfinement national
Devant les dernières décisions annoncées par Olivier Véran, “on voit qu’on est dans le champ politique”, analyse Christophe Rapp, infectiologue à l’Hôpital américain de Paris (Neuilly) sur BFMTV. Certains avancent que reconfiner localement la Moselle pourrait servir d’argument pour imposer un reconfinement national, ce que ne souhaite pas le gouvernement. “Si on reconfine localement, ça veut dire qu’on aura une grosse pression pour reconfiner nationalement”, expose à France 2 un conseiller gouvernemental. Jean-Christophe Gallien, politologue interrogé par BFMTV, analyse le discours : “Il faut garder beaucoup de calme et c’est ce qu’a fait Olivier Véran. Ce qu’il a exprimé aujourd’hui me parait très intéressant : il rassure.”
La situation y reste cependant attentivement observée : “Je vais (…) continuer la consultation”, a précisé Olivier Véran, qui ne ferme pas la porte à “des mesures complémentaires”.