Annoncée pour mi-juin, la commission d’enquête sur la pandémie de coronavirus devrait être présidée par le sénateur Alain Milon.

Réclamée depuis plusieurs jours par de nombreux élus, la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise du Covid-19 est actuellement en cours de constitution. Soutenue par l’ensemble des groupes du Palais du Luxembourg, cette commission, dont le principe a été acté lors de la conférence des présidents du 29 avril dernier, bénéficiera d’un format exceptionnel : elle sera composée de 36 personnes, contre 21 habituellement.

Les présidents de groupes et les présidents de commissions en feront partie, le reste des places sera attribué en fonction de l’importance de chaque famille politique. Premier groupe du Sénat (144 membres) le groupe Les Républicains sera, ainsi, représenté par 15 sénateurs.

La présidence de cette commission, qui revêt de par sa taille une forme politique et institutionnelle solennelle, n’est pas encore officiellement attribuée. Elle pourrait revenir à Alain Milon, sénateur LR du Vaucluse, président de la commission des affaires sociales et médecin lui-même.

Larges pouvoirs d’investigation
Cette commission disposera de six mois pour mener ses travaux à terme. Elle devrait commencer à siéger à partir du 20 juin. Les sénateurs s’attacheront à retracer chronologiquement les principaux épisodes de la gestion, par l’exécutif, de l’épidémie de coronavirus depuis les premières révélations venues de Chine jusqu’à aujourd’hui. Ils disposeront, pour se forger une conviction, de larges pouvoirs d’investigation.

Tous les membres du gouvernement concernés par cette crise sanitaire pourront être convoqués : d’Edouard Philippe (Premier ministre) à Christophe Castaner (Intérieur) en passant par Olivier Véran (Santé) ou Jean-Michel Blanquer (Education)… Pourraient aussi être entendus le président du Conseil scientifique, des responsables administratifs ou hospitaliers, ainsi que tous ceux dont le témoignage sera jugé utile afin de comprendre ce qui s’est réellement passé.

La question de la pénurie des masques sera étudiée de près. Des représentants de la grande distribution pourraient être convoqués. Il leur sera demandé des explications sur la date et la constitution de leurs stocks : «Rien ne nous détournera de la vérité», promet Bruno Retailleau, le président du groupe LR, qui rappelle que la volonté du Sénat n’est pas de mener «une investigation à charge» mais plutôt de «déterminer les blocages et les faiblesses» qui ont pu entraver la décision publique. «La France était dans un état d’impréparation préoccupant lorsque cette pandémie s’est déclarée. Il ne faudrait plus que cela se reproduise à l’avenir.»

“C’est le peuple français qui enquête au travers de nous”
Rappelons que ceux qui sont convoqués dans le cadre d’une commission d’enquête n’ont pas moyen de se dérober et qu’ils peuvent être poursuivis en cas de faux témoignage. «C’est le peuple français qui enquête au travers de nous», confirme la sénatrice de la Gironde, Nathalie Delattre (RDSE) qui ne fera pas partie de la commission mais viendra assister à toutes les auditions. Nathalie Delattre est actuellement présidente de la commission d’enquête sur la radicalisation islamique.
La commission siègera tout l’été avec une courte interruption en août. Elle rendra ses conclusions en décembre 2020.