Personne n’y avait cru, et pour cause : six jours après l’annonce de Donald Trump de rouvrir les frontières américaines, Joe Biden va les refermer.

Le 18 janvier, le président sortant lançait l’ idée stupéfiante de permettre aux ressortissants de l’espace Schengen, aux Britanniques, aux Irlandais et aux Brésiliens de se rendre aux Etats-Unis en levant les restrictions qu’il avait imposées en mars 2020, alors que les nouveaux variants se répandent et que les Etats-Unis vivent toujours une flambée épidémique.

Tous les médecins sont « contre », avait répondu la porte-parole du futur président, ajoutant que de nouvelles restrictions allaient rapidement s’imposer. Dimanche, la barre des 25 millions de cas de coronavirus constatés a été dépassée. Et, selon le comptage en temps réel de l’ université Johns-Hopkins, 419 208 personnes sont décédées du Covid-19. Soit un cinquième du bilan fatal mondial.

De fait, l’ordonnance de Trump devant entrer en vigueur demain mardi, il va être annoncé ce lundi que la plupart des non-Américains qui se sont rendus au Royaume-Uni, en Irlande et dans une grande partie de l’Europe, ainsi qu’au Brésil et en Afrique du Sud, ne peuvent plus entrer aux Etats-Unis.

Un mort sur cinq du Covid-19 vient des Etats-Unis

« Nous ajoutons l’Afrique du Sud à la liste restreinte en raison de la variante inquiétante présente qui s’est déjà étendue au-delà de l’Afrique du Sud », a déclaré le Dr Anne Schuchat, directrice adjointe principale des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), dans un entretien dimanche. « Avec l’aggravation de la pandémie et l’apparition de ces variantes plus contagieuses, ce n’est pas le moment de lever les restrictions sur les voyages internationaux », a-t-elle déclaré.

L’évolution anglaise du virus, le B.1.1.7, est 70 % plus infectieuse et a été détectée dans au moins 60 pays ; la variante sud-africaine, le 501Y.V2, est 50 % plus infectieuse et a été détectée dans au moins 20 territoires. Le 501Y.V2 n’a pas encore été trouvé aux Etats-Unis mais le B.1.1.7 est présent dans au moins vingt Etats américains, dont des très peuplés.

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à durcir les restrictions pour les voyageurs face aux nouveaux variants : la France, la Suède, les Pays-Bas et Israël ont fait de même, inquiets que les vaccins actuels ne soient pas efficaces contre la variante sud-africaine, alors qu’ils semblent perdre très peu en efficacité face au variant britannique.

D’autres pays ont pris la même décision, dont la France

A compter de mardi, tous les voyageurs – sauf les enfants de moins de 2 ans — arrivant de l’étranger par avion, d’une autre destination que celles désormais proscrites, devront présenter un test négatif de moins de 72 heures pour entrer sur le territoire américain.

De nombreuses compagnies aériennes américaines avaient, la semaine dernière, demandé des dérogations pour les personnes arrivant de pays aux moyens de dépistage limités, mais le CDC a rejeté la demande. Des exemptions humanitaires pourraient être envisagées au cas par cas pour certains voyageurs. À ce jour, 120 pays exigent des tests pour les voyages internationaux. L’ordonnance du CDC stipule que les voyageurs doivent se mettre en quarantaine pendant sept jours à leur retour aux États-Unis et se soumettre à un nouveau test au mitan de cette semaine.

Ce lundi, la directrice des CDC, Rochelle Walensky, signera en outre l’ordonnance qui exige le port de masques dans tous les avions, ferries, trains, métros, bus, taxis et véhicules de covoiturage pour tous, à partir de l’âge de 2 ans. La mesure, inédite à l’échelle de tous les Etats-Unis, malgré l’insistance des autorités sanitaires, doit entrer en vigueur dans les tout prochains jours.