Le talent, c’est 20% » de la réussite d’un footballeur

Anciens coéquipiers à la Juventus, Blaise Matuidi et Mehdi Benatia se sont retrouvés lors d’une visio et ont notamment évoqué l’importance du travail pour réussir une grande carrière. Blaise Matuidi et Mehdi Benatia ont conversé lors d’un appel en visioconférence diffusé sur le compte YouTube Bros. Stories.

Les deux joueurs se connaissent bien et pour cause: nés en 1987, ils ont tous deux grandi en région parisienne, se sont côtoyés au centre de préformation de l’INF Clairefontaine et se sont surtout retrouvés en 2017 sous le maillot de la Juventus.  Le milieu champion du monde 2018 et le défenseur qui évolue au Qatar peuvent être fiers de leur remarquable carrière respective. Benatia, qui a été U17 tricolore, explique qu’il a beaucoup «bossé» alors que «Jérémy (Ménez) et Samir (Nasri)» étaient les deux prodiges de leur génération. «Eux, c’était le talent pur, toi, c’était dans le sens collectif, t’étais important pour ton équipe», lance ainsi l’ancien capitaine de la sélection marocaine.

S’ensuit un échange très intéressant:

– Matuidi: «on ne nous a jamais rien donné. Je me souviens de moments clés de ma carrière où des entraîneurs ont été francs avec moi. ‘La concurrence est là et il va falloir que tu t’imposes car tu n’es pas forcément le premier choix’. Il y a des coachs qui ont été cash avec moi et, à l’arrivée, ils m’ont rendu indispensable. Je ne sais pas si c’est mon travail qui a fait que. Ça n’a jamais été évident, même encore aujourd’hui».

– Benatia: «frérot, ce que tu dis est super intéressant, car des jeunes peuvent peut-être écouter. Combien de fois un entraîneur te fait comprendre que tu ne seras pas dans les plans tout de suite. Tu sais ce qu’est la mentalité aujourd’hui ? ‘Vas-y, ce coach est bidon, il dit qu’il ne compte pas sur moi, je me casse’. Si le mec est un soldat, OK, on va voir. Ce n’est pas donné à tout le monde, ça, frérot, d’être un mec qui a la force d’aller montrer chaque jour que le coach s’est trompé. Il y en a, tu les perds en début d’année».

On a côtoyé l’un des plus grands, Cristiano, on sait que le talent ne suffit pas

– Matuidi: «ça a été notre force, même à toi. On a joué dans de grands clubs européens, on a joué des grandes compétitions internationales, on peut être fier de ce qu’on a fait. On doit être aussi des exemples pour les plus jeunes. Ils pensent que le talent suffit. On a joué avec des grands joueurs, on a côtoyé l’un des plus grands, qui est Cristiano, on sait que le talent ne suffit pas, il y a tout ce qui passe dans la tête».

– Benatia: «Le talent, c’est peut-être bien pour signer ton premier contrat, pour mettre la petite carotte à 18 ans, pour signer pro car tu as un peu plus de talent que les autres. Mais pour faire une carrière… De ce que j’ai vu, le talent, c’est 20%, je te jure. Il te faut 10% de chance pour éviter les blessures. Le reste, ce n’est que le travail, l’abnégation, la force mentale. J’ai vu combien de joueurs avec du talent, des phénomènes, tu te dis, c’est sûr dans deux ans, lui c’est top club. Je ne sais même pas où ils jouent aujourd’hui, ils ont disparu des radars. C’est malheureux mais c’est comme ça, le talent ne suffit pas, c’est ce que je dis tous les jours à mon fils».