Paris connaît un printemps très estival. Le jeudi, jour de l’Ascension, les parcs et jardins de la Ville auraient dû être pris d’assaut… mais ils restent vides et leurs grilles, fermées. Le gouvernement « reste sourd » aux demandes de la maire (PS), Anne Hidalgo, qui tente d’obtenir la réouverture des espaces verts pour « la promenade et la respiration, dans le strict respect des consignes sanitaires », notamment avec le port du masque obligatoire. Une question de « santé publique » selon l’élue. Mais le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille.

Des Parisiens philosophes
Si la plupart des Parisiens comprennent la situation – la capitale et l’Ile-de-France sont classées en zone rouge, où le Covid-19 reste très actif – cela ne les empêche pas de lorgner avec envie sur les coins de nature. Autour du Jardin du Luxembourg (VIe), une famille se promène tout en admirant l’exposition de photos installée sur les grilles.

« C’est vrai qu’on irait bien profiter de la fraîcheur du jardin. Mais on n’a vraiment pas à se plaindre dans le quartier. Il n’y a aucune voiture et pas grand monde. On fait le tour de 2 km, pour une promenade avec les enfants, c’est déjà bien », apprécie le père de famille.

Du côté de la Butte Montmartre (XVIIIe), on prend aussi son mal en patience. Faustine, son conjoint et ses enfants habitent Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Ils ont rejoint leur famille parisienne pour un pique-nique, avec l’intention de s’installer sur les pelouses de la butte.

« On ne savait pas que c’était considéré comme un parc. L’accès est barré », raconte-t-elle. Qu’à cela ne tienne : toute la tribu a finalement trouvé où manger. A savoir, sur un rebord de mur, en haut des marches qui mènent à la rue Lamarck. « Au final, on n’est pas mal ici, c’est à l’ombre, on est posé.

Le plus important pour nous, c’est de profiter d’être ensemble. On ne se plaint pas, après deux mois confinés à la maison. » D’autres sont carrément assis sur le trottoir. « Pas très confortable. On a vite mal aux fesses », admet Thomas. A ses amis Benjamin et Marie d’ajouter : « C’est étrange qu’ils ne rouvrent au public que certains points, où du coup, tout le monde va… »

A la recherche de coins de verdure
Comme l’esplanade des Invalides et le Champ-de-Mars (VIIe), les berges de Seine, au cœur de Paris, sont justement accessibles depuis le premier jour du déconfinement. Ce jeudi, si elles sont loin d’être surfréquentées, chaque espace de verdure est occupé. « C’est plus agréable de se poser sur de l’herbe que les pavés », assurent Jean et Sarah qui ne boudent pas leur plaisir d’avoir trouvé un coin plutôt tranquille.

« On avait pensé aller aux Invalides. Mais aux infos, on a vu hier soir que c’était blindé ! On s’est décidé pour les berges et on ne regrette pas, ici on peut respecter la distanciation physique. Heureusement que c’est ouvert ! Et il n’y a aucun bateau de touristes », note le couple.

Ceux qui ont tout de même jeté leur dévolu sur les épaisses pelouses des Invalides ont été accueillis… par des policiers. Alors qu’hier soir, l’esplanade était prise d’assaut par des centaines de Parisiens, ce jeudi en début d’après-midi, les forces de l’ordre ont évité les rassemblements. Résultat, seuls les chanceux arrivés tôt ont pu se détendre dans l’herbe, mais uniquement sur les bords des pelouses.

Elise et Adrien ont dû passer leur tour. « Les policiers passent pour rappeler la distanciation. On voulait se poser, mais c’est impossible : il y a déjà trop de monde. Alors on va continuer notre balade. C’est tellement agréable de sortir se promener sans avoir besoin d’autorisation mais on aurait vraiment aimé pouvoir le faire dans un parc, au lieu de déambuler dans les rues par cette chaleur. »