Reconnu coupable fin février de viols et agressions sexuelles, il voulait faire appel de cette condamnation.

C’était un dénouement judiciaire très attendu, sans nul doute pour les victimes du magnat hollywoodien, mais aussi pour ces centaines de femmes qui ont témoigné lors de la déferlante #MeToo.
Ce mercredi, Harvey Weinstein, reconnu coupable de viol et d’agression sexuelle, a été condamné à 23 années de prison. Cette peine ne pouvait être inférieure à 5 ans de prison, c’est ce que prévoit le minimum légal et c’est ce qu’ont demandé les avocats du milliardaire ont demandé au juge James Burke, qui s’est prononcé depuis le tribunal pénal de Manhattan.
« Compte tenu de son âge (67 ans) », ont écrit les défenseurs, « toute peine supérieure au minimum légal […] équivaudrait à une condamnation à perpétuité. » Ils avaient déjà, annoncé, en amont de ce jugement, que leur client ferait appel de la condamnation, ce qui ne l’empêchera pas d’être placé immédiatement en détention.

29 ans de prison encourus

Celui qui fut un temps le producteur indépendant le plus puissant du monde encourait jusqu’à 29 ans de prison pour les deux chefs d’accusation dont il a été reconnu coupable le 24 février.
Les avocats font valoir que depuis octobre 2017, leur client a perdu sa femme, qui l’a quitté, son emploi, sa société (The Weinstein Company) et fait encore face à des manifestations d’hostilité constantes. La défense mentionne aussi ses deux jeunes enfants, de six et neuf ans.

Les deux femmes dont les agressions ont mené à la condamnation, Mimi Haleyi et Jessica Mann, ont prévu de s’exprimer ce mercredi. Tarale Wulff, qui a témoigné au procès, sera aussi présente. Elle a écrit une lettre ouverte publiée mardi sur le site Medium. « Quelle que soit la peine […], cela ne changera pas ce qui s’est passé », a-t-elle écrit. « Ces événements continueront de nous hanter, les autres survivantes et moi, pour le restant de nos vies. »

La procureure Joan Illuzzi-Orbon, qui a mené l’accusation durant le procès, n’a pas demandé de peine précise, demandant au juge une peine qui reflète « la gravité des crimes du condamné, son absence totale de remords […] et la nécessité de le dissuader, lui et d’autres, de commettre de nouveaux crimes ».

40 ans d’agressions sexuelles

Dans sa lettre, la procureure énonce des accusations d’agressions sexuelles qui s’étalent sur près de 40 ans, la première remontant à 1978.

Harvey Weinstein n’a jamais reconnu publiquement autre chose que des relations consenties avec les femmes qui l’accusent et, de fait, n’a exprimé aucun remords ni présenté d’excuses. « Le juge a l’air de le haïr, et de haïr ses avocats », relève Jeffrey Lichtman, avocat pénaliste new-yorkais qui a déjà défendu des hommes accusés d’agression sexuelle, « donc je ne vois rien de bon se profiler pour lui. »

L’âge d’Harvey Weinstein, son dos douloureux, ses yeux malades, ne pèseront rien, prévoit l’avocat. « Ce n’est pas la faute du juge si le condamné a 67 ans et n’est pas en bonne santé », dit Jeffrey Lichtman, qui s’attend à une peine « à deux chiffres ».

Nul ne sait, pour l’instant, dans quelle prison de l’Etat de New York le cofondateur du studio Miramax purgera sa peine, mais sans doute pas à la tristement célèbre Rikers Island, où il est incarcéré actuellement, et plutôt dédiée aux accusés en attente de procès.

Une autre inculpation

Pour le mouvement #MeToo, que l’affaire Weinstein a fait naître, la victoire est déjà certaine. Elle s’est jouée avec le verdict de culpabilité, même si le jury l’a disculpé de trois des cinq chefs d’accusation, les plus sérieux.
« Je ne récupérerai pas ces années de ma vie, mais j’ai maintenant ce petit espoir d’avoir une existence devant moi, ce que je n’avais pas hier », disait, le lendemain du verdict, au journaliste Ronan Farrow, l’actrice Rose McGowan, qui accuse Harvey Weinstein de l’avoir violée. Le sexagénaire doit encore répondre d’une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.

Source msn