Après une courte suspension suite aux violences qui ont endeuillé le Capitole mercredi, Donald Trump a retrouvé son compte Twitter. Le président des Etats-Unis en a profité, ce vendredi, pour y clarifier un point : il ne participera pas à la cérémonie d’investiture de son rival démocrate Joe Biden, le 20 janvier prochain, comme le veut la tradition.

C’est un nouveau signe de la crise dans laquelle se trouve la présidence Trump. Appels à la démission, projets de procédure de destitution, feu de critiques contre un président accusé d’avoir sapé les institutions et jeté de l’huile sur le feu : à 12 jours de la fin de son mandat, Donald Trump, reclus dans la Maison-Blanche, est extraordinairement seul.

Dans un autre message vidéo diffusé jeudi soir, le tempétueux milliardaire a enfin reconnu sa défaite, même s’il n’a aucun moment cité – encore moins félicité – son successeur démocrate Joe Biden.

 

“Partez à Mar-a-Lago”
Certains de ses détracteurs estiment que le plus simple serait que le 45e président se taise et laisse de facto le vice-président Mike Pence aux commandes jusqu’au 20 janvier, date à laquelle Joe Biden prêtera serment. Pour Jeh Johnson, ancien ministre de la Sécurité intérieure, toute personne ayant un peu d’influence sur Donald Trump devrait lui faire passer un message simple : “Montez dans Air Force One, partez à Mar-a-Lago et restez-y.”

“Moins il en fera sur les 12 derniers jours, mieux ce sera”, a estimé en écho le sénateur républicain Ben Sasse sur la radio NPR. “Donald Trump a menti aux Américains et les mensonges ont des conséquences.” Le Wall Street Journal, propriété du magnat Rupert Murdoch, qui fut un allié de Trump, a appelé dans un éditorial ce dernier à prendre ses responsabilités et à démissionner. “C’est mieux pour tout le monde, y compris lui-même, s’il s’en va tranquillement.”

Empêcher Trump d’utiliser les codes nucléaires
La cheffe des démocrates au Congrès Nancy Pelosi a déclaré, de son côté, s’être entretenue avec l’armée américaine pour s’assurer que Donald Trump, un “président déséquilibré”, ne puisse pas utiliser les codes nucléaires.

“Ce matin, j’ai parlé avec le chef d’état-major américain Mark Milley pour discuter des précautions disponibles afin d’éviter qu’un président instable ne lance des hostilités militaires ou accède aux codes de lancement et ordonne une frappe nucléaire”, a écrit la présidente de la Chambre des représentants dans une lettre à ses collègues parlementaires.

“La situation avec ce président déséquilibré ne pourrait pas être plus dangereuse”, a-t-elle poursuivi en promettant que le Congrès agirait si Donald Trump ne quittait pas “de façon imminente et volontairement” la Maison-Blanche, sans préciser la nature de cette action.

Depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware, Joe Biden a endossé, sans attendre, le rôle du dirigeant chargé de panser les plaies d’une Amérique meurtrie qui a, selon lui, vécu “l’un des jours les plus sombres” de son histoire. Donald Trump a, depuis quatre ans, “multiplié les assauts” contre les institutions démocratiques américaines et sa campagne a “culminé” mercredi, a-t-il accusé.

Les ténors démocrates ont exhorté Mike Pence à déclarer, avec une majorité du gouvernement, que Donald Trump était “inapte” à remplir ses fonctions, sur la base du 25e amendement de la Constitution. Mike Pence n’y est toutefois pas favorable parce qu’il craint d’aggraver les tensions, selon un de ses proches cité dans le New York Times.