Le chef de l’Etat s’est montré prudent, lors de son allocution télévisée mardi soir, sur la sortie de la quarantaine, évoquant un allégement du confinement par étapes et sous conditions

 

Prudence, prudence… Emmanuel Macron a salué les efforts des Français contre le coronavirus lors de son allocution, mardi soir. « Le pic de la seconde vague de l’épidémie est passé », a-t-il indiqué. Le président de la République a ensuite évoqué l’allégement des restrictions dans le pays en trois étapes, jusqu’au 20 janvier, en fonction de l’évolution de l’épidémie. « Le retour à la normale ne sera pas pour demain », a-t-il prévenu.

Car le chef de l’Etat a choisi une sortie de quarantaine progressive, prenant soin de ne jamais prononcer le mot de «déconfinement ». « Nous devons tout faire pour éviter une troisième vague, un troisième confinement », a-t-il ajouté, alors que le pays a franchi mardi la barre des 50.000 décès dus au Covid-19. Très critiqué par l’opposition pour sa gestion de crise, le président sait que la réussite ou non de ce nouveau déconfinement sera aussi un élément-clé de son quinquennat.

« Le président met en place une stratégie des petits pas »

Les premiers assouplissements débuteront dès samedi avec une limitation des déplacements étendue à 20 km et la réouverture desdes commerces dits « non essentiels » et  la reprise des offices dans les lieux de culte. « Le président met en place une stratégie des petits pas, échelonnée dans le temps, avec des échéances très précises et un appel à la responsabilité individuelle. Cette prudence s’explique par le fait que nous n’en avons pas fini avec le virus », avance le député LREM de Paris Hugues Renson, vice-Président de l’Assemblée Nationale.

Si l’exécutif prend des pincettes, c’est peut-être aussi parce que l’opposition l’accuse d’avoir raté le premier déconfinement. Le Premier ministre Jean Castex, en charge de ce déconfinement au printemps dernier, avait d’ailleurs fait un début de mea culpa la semaine passée sur cette sortie anticipée de quarantaine lors de son audition devant l’Assemblée. « Peut-être qu’effectivement nous avons déconfiné un peu trop. Peut-être aussi que le peuple français a cru que cette épidémie était derrière nous, et que les gestes barrières n’ont pas été respectés avec suffisamment de zèle », avait-il indiqué.


Le chef de l’Etat a même pris soin de conditionner la prochaine levée de restrictions le 15 décembre – le remplacement du confinement par un couvre-feu – à un nombre de contaminations quotidiennes passant sous la barre des 5.000 (contre plus de 9.000 ce mardi). « Plus qu’une sortie de confinement, le président a détaillé les étapes qui vous nous permettre de réorganiser notre vie en société, retrouver nos libertés, ajoute la députée LREM de l’Hérault Coralie Dubost. On reste prudents car on sait que le virus peut repartir très vite. »

Le président répond aux critiques de verticalité

Emmanuel Macron a aussi semblé vouloir montrer qu’il entendait les critiques de l’opposition sur sa gestion verticale de la criseet « l’opacité » des décisions prises en Conseil de défense. Si le chef de l’Etat n’a pas évoqué cette instance, il a annoncé qu’un « collectif de citoyens sera mis en place pour associer plus largement la population » sur la question des vaccins, à côté d’un comité scientifique. Et il a demandé au gouvernement et au Parlement de plancher sur la délicate question d’un isolement plus contraint des malades.

« On ne peut pas faire l’impasse d’un débat parlementaire sur une question aussi délicate de restriction de libertés, contre-intuitive avec nos modes de vies », remarque Coralie Dubost. « Associer les citoyens sur la question des vaccins est par ailleurs très important dans cette période où la science est remise en cause, à tort. C’est une garantie de transparence sur un sujet de clivage pour les Français », ajoute-t-elle, alors que seule une moitié du pays serait prête à se faire vacciner contre le Covid-19, selon plusieurs sondages.

La gestion de crise et du déconfinement, un enjeu pour 2022

Le chef de l’Etat sait également que sa gestion de crise sera un des marqueurs essentiels de son mandat, dans la perspective de la présidentielle 2022. « Sur le sujet sanitaire, il y a globalement une forme de concorde qu’il faut saluer. Mais une fois la crise surmontée va se poser la question des répliques économiques et sociales. Ce sera un enjeu politique fort, et a fortiori de campagne, vu les échéances électorales à venir », confirme Hugues Renson.

La dette française, qui est passée de 98,1 % du PIB fin 2019 à 120 % d’ici la fin de l’année pourrait aussi s’inviter au débat. L’élu LREM de Paris Pacôme Rupin se montre confiant : « Quand vous faites campagne pour une réélection, la question du bilan et donc de la gestion de crise sera importante. Il y a peut-être eu des erreurs, mais quand on se comparera avec ce qui se passe dans le monde, nous n’aurons pas à rougir sur notre bilan. »