Le lieu venait de rouvrir il y a cinq petits jours. Un groupe de cinq hommes, dénonçant la « dépossession de l’Afrique de ses richesses », est entré vendredi au Musée du Quai-Branly à Paris, où ils ont arraché de son socle un poteau funéraire Bari du XIXe siècle, avant d’être interpellés par la police. Une plainte a été déposée par le musée et une enquête de police est en cours, indique-t-on au Quai Branly, où l’on ne souhaite faire aucun commentaire.
« Cinq individus ont été interpellés et placés en garde à vue des chefs de’tentative de vol en réunion d’un objet mobilier classé’», indique le parquet de Paris, qui a confié l’enquête au commissariat du VIIe arrondissement.

Ils se sont filmés longuement après avoir pénétré dans le musée rouvert depuis mardi, selon la vidéo postée en ligne. On y voit l’un des cinq hommes, qui se présente comme un ressortissant de la République Démocratique du Congo, desceller le poteau funéraire, aidé par un autre, avant de l’emmener dans les couloirs.

Une « atteinte au patrimoine »
Pendant qu’il est filmé, l’homme hurle ses critiques contre la France : « Nous avons décidé de récupérer ce qui nous appartient ». « Ces biens nous ont été volés sous la colonisation. On part avec notre bien, on le ramène à la maison », répète-t-il aux gardiens qui les apostrophent et tentent de les retenir. À la fin, la police vient les interpeller.
Le ministre de la Culture Franck Riester condamne dans un communiqué « avec la plus grande fermeté » ces actes « qui portent atteinte au patrimoine ». Il relève que ces hommes « ont formulé des messages à caractère politique et contesté la présence de cette œuvre, et d’autres, dans les collections françaises ».

« Si le débat sur les restitutions d’œuvres issues du continent africain est parfaitement légitime, il ne saurait en aucun cas justifier ce type d’actions », ajoute Franck Riester. Et le ministre d’ajouter : « L’œuvre ne semble avoir subi aucune dégradation importante et le musée va prendre sans délai toute mesure pour mener à bien les éventuelles restaurations requises. »

La question des restitutions d’œuvres africaines qui sont arrivées dans les musées publics français pendant la colonisation est particulièrement sensible et controversée. Le Musée du Quai-Branly dispose de la principale collection d’arts premiers africains.