Si Eliane Houlette a réaffirmé avoir décidé, en janvier 2017, en toute indépendance d’ouvrir une enquête visant les époux Fillon après des soupçons d’emplois fictifs révélés par le Canard Enchaîné, elle confie avoir reçu des “demandes de transmission rapide” de la part de sa hiérarchie.

Un “contrôle très étroit” et des “pressions très lourdes”: Elianne Houlette, l’ancienne cheffe du Parquet National Financier dit avoir subi des “pressions” de sa hiérarchie pendant l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs visant François Fillon pendant la campagne présidentielle en 2017.

Entendue le 10 juin par la commission d’enquête parlementaire sur l’indépendance de la justice, elle assure qu’elle a décidé d’ouvrir l’enquête préliminaire “en toute indépendance” après les révélations du Canard Enchaîné. Mais elle dit aussi qu’elle a reçu des “demandes de transmission rapide” de la part de sa hiérarchie, dans des délais beaucoup plus courts que d’habitude.
Cette enquête, lancée en pleine campagne présidentielle, avait empoisonné la candidature de François Fillon à l’Elysée et conduit au printemps 2020 à son procès en correctionnelle aux côtés notamment de son épouse Penelope. Le jugement est attendu le 29 juin.

Convoquée même mi-février par le parquet général pour ouvrir une information judiciaire parce que le choix procédural qu’elle avait choisi “ne convenait pas” dit-elle. Une information judiciaire finalement ouverte dix jours plus tard parce qu’elle trouvait à ce moment-là que c’était nécessaire.

Directement mise en cause, la procureure générale de Paris Catherine Champrenault dit, dans un message transmis à l’AFP, “regretter que ce qui est le fonctionnement régulier du ministère public soit assimilé à des pressions”. Déjà en poste au moment de l’affaire Fillon, elle “rappelle que son action s’est toujours inscrite dans l’exercice de ses prérogatives légales de veiller à l’application de la loi et au bon fonctionnement des parquets placés sous son autorité”.

Selon les règles en vigueur, le parquet général peut demander des remontées d’information aux parquets et les transmettre à la direction des affaires criminelles et des grâces au sein de la Chancellerie, qui peut les faire suivre au cabinet du garde des Sceaux. En revanche, la loi Taubira de 2013 interdit au garde des Sceaux de donner des instructions dans les dossiers individuels.