C’est un mélange des genres qui a fait beaucoup parler. Ce mercredi 16 juin, la militante contre les violences policières Assa Traoré postait sur Facebook un portrait d’elle, le poing levé, escarpins Louboutin aux pieds. En légende, elle adressait un message à la célèbre marque de chaussures de luxe : «Je vous remercie chaleureusement de l’honneur que vous me faites en m’associant à votre campagne pour l’égalité et la justice pour tous, en y engageant votre prestigieuse marque Louboutin.»
Celle qui est devenue une figure de la lutte antiraciste à la suite du décès de son frère Adama Traoré en 2016 à Persan (Val-d’Oise) fait ici référence à une collection capsule lancée par le chausseur de luxe. Intitulée «Walk a Mile in My Shoes», celle-ci est le fruit d’une collaboration entre le créateur de souliers, l’acteur anglais Idris Elba et sa femme Sabrina Elba, très engagés dans la défense du mouvement Black Lives Matter, qui a émergé avec les manifestations organisées au lendemain de la mort de George Floyd à Minneapolis, le 25 mai 2020. Les bénéfices de cette opération appelant «à se mettre dans la peau de ceux qui, au quotidien, doivent affronter la discrimination» seront entièrement reversés à plusieurs associations qui améliorent au quotidien la vie des personnes et des communautés en difficulté.
Contactée avec 200 personnes
Le choix d’une grande maison de luxe d’associer son image à celle, plus clivante, de la militante antiraciste a pu étonner. L’annonce a ainsi provoqué un certain nombre de commentaires négatifs, pointant tantôt une récupération politique de la part de Louboutin, tantôt le grotesque de voir une femme de gauche arborer des chaussures au prix exorbitant. D’autres ont a contrario salué la revanche sociale derrière une telle collaboration.
Au lendemain du lancement de la campagne, dans la soirée du 17 juin, Christian Louboutin a tenu à apporter quelques précisions. «Sachant Assa Traoré sensible à ces sujets [stigmatisation, racisme, violences policières, ndlr], elle fait partie des quelque 200 personnes en France et à l’étranger à avoir été contactée pour, si elle le souhaitait, relayer le projet», a écrit le créateur de mode dans un communiqué de presse. Avant de clarifier sans détour : «Avec tout le respect porté à ces personnes, nous n’avons considéré aucune d’elles comme étant une “égérie”. La campagne “Walk a Mile in My Shoes” n’a d’autres visages que ceux de ses trois créateurs. Elle s’est enrichie de points de vue singuliers qui apportent leur soutien à une cause globale et permettent, grâce à leur notoriété ou à leur expertise, de donner de la visibilité à une initiative dont le seul but est de soutenir ces cinq organisations caritatives.»
Entre l’égérie (qui incarne une marque dans des campagnes publicitaires et se voit rémunérée pour cela), l’ambassadrice (qui s’affiche avec un produit de marque dans des événements et se voit rémunérée ou reçoit des cadeaux en échange) et l’influenceuse (qui porte ou présente un produit et s’en fait écho sur les réseaux sociaux contre une rémunération ou des cadeaux), subsistent donc encore quelques subtilités, auxquelles tient Christian Louboutin.