Le Premier ministre Edouard Philippe a prévenu que « les 15 premiers jours d’avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s’écouler » dans la crise du coronavirus en France, car « le combat ne fait que commencer ».

La France compte désormais 2 314 décès à l’hôpital (+319 en vingt-quatre heures) et 4 273 personnes en réanimation.
« Je veux vous dire les choses avec clarté et franchise : le combat ne fait que commencer, les 15 premiers jours d’avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s’écouler », a déclaré Edouard Philippe lors d’un point d’information aux Français tenu avec le ministre de la Santé Olivier Véran et le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.

Le Premier ministre s’est félicité d’« un effort collectif », « d’abord celui des soignants, admirables, courageux, engagés », « mais aussi l’effort remarquable de ceux qui, en deuxième ligne, assurent la continuité de la vie de la nation », comme les forces de l’ordre, les pompiers ou encore les employés de la grande distribution.

Cartes et courbes de l’épidémie à l’appui, Edouard Philippe a rappelé les deux grands axes de la stratégie du gouvernement : « augmenter notre capacité d’accueil dans les services de réanimation » et « aplatir la courbe » de propagation du virus et de cas graves avec le confinement à domicile.

Pas de retard dans la prise de décision du confinement

« Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision du confinement » à partir du 17 mars, et qui a été prolongé jusqu’au 15 avril, a affirmé le chef du gouvernement, rappelant le côté « inédit depuis plus d’un siècle » de cette « épidémie mondiale ».

« Au moment où on a pris cette décision de confinement, il y avait moins de 8 000 cas sur le territoire national et moins de 200 morts de la maladie. Chacun pourra apprécier les moments où les gouvernements (étrangers) ont pris cette décision. Mais je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement », a-t-il insisté.

Face aux critiques en provenance de l’opposition et d’une partie du corps médical, le Premier ministre a lancé : « le moment venu, nous tirerons ensemble les leçons de la crise. Je ne suis pas de ceux qui se défaussent face à leurs responsabilités. Certains pensent savoir parfaitement ce qu’il faudrait faire et n’hésitent pas à formuler des critiques a posteriori. Je leur laisse ce luxe ».

Au moins 14 000 lits de réanimation

Entouré de plusieurs médecins, plusieurs annonces ont été faîtes. Le gouvernement souhaite ainsi augmenter le nombre de lits en réanimation à « 14 à 14 500 », contre 5 000 initialement, pour faire face à l’afflux de malades a indiqué le ministre de la Santé, Olivier Véran.
« Les capacités initiales de la France étaient de 5 000 lits de réanimation. Elles ont été augmentées (…) à 10 000 lits. Désormais, nous souhaitons atteindre un objectif de 14 000 à 14 500 lits de réanimation sur tout le territoire national », a-t-il dit.

Plus d’un milliard de masques commandé

La France a commandé « plus d’un milliard » de masques notamment à la Chine. « Un pont aérien étroit et intensif entre la France et la Chine a été mis en place de manière à faciliter les entrées des masques sur notre territoire », a déclaré le ministre au cours d’une conférence de presse en rappelant que la France a besoin de 40 millions de masques par semaine.

La France, a précisé le ministre, produit 8 millions de masques par semaine. « Nos réserves ne sont pas infinies », a-t-il souligné. « Il y a une autre façon de répondre à cette demande importante (de masques), c’est d’essayer de créer de nouveaux produits, d’utiliser la richesse, l’innovation des entreprises françaises en matière de textile et de papier, pour faire en sorte de créer de nouveaux masques répondant à des usages bien spécifiques », a affirmé de son côté le Premier ministre Edouard Philippe.

« 24 producteurs nationaux ont qualifié des modèles qu’ils veulent produire, sont en capacité de produire près d’un demi-million de masques par jour dans les prochains jours, et au cours du mois d’avril un million de masques par jour. Certains pourront être réutilisés, seront lavables au moins cinq fois », a ajouté Edouard Philippe.

Premiers impacts du confinement en fin de semaine prochaine

Les autorités espèrent pouvoir voir « les premiers impacts » des mesures de confinement sur l’épidémie « en fin de semaine prochaine », a indiqué le Dr Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur, membre du Conseil scientifique installé par le gouvernement.

« Pour pouvoir estimer l’impact de ces mesures de confinement sur l’indicateur principal qui est le nombre de cas quotidiens d’admissions en réanimation, il va falloir attendre un peu », a-t-il déclaré. « On ne pourra les voir et, on l’espère, qu’en fin de semaine prochaine », a-t-il insisté.
Il a expliqué que ce délai était lié au fait que certains malades déjà contaminés avant le confinement pouvaient continuer à arriver en réanimation.

Grâce aux mesures prises –gestes barrière, distanciation sociale, confinement–, l’objectif est de réduire de 3 à « moins de 1 », le « nombre de reproduction de base » du virus, c’est-à-dire le nombre de personnes contaminées par un malade. « Si un malade infecte moins d’une personne, l’épidémie va décliner », a souligné le Pr Fontanet.

Isolement individuel des pensionnaires des Ehpad

Le ministre de la Santé a indiqué qu’il allait demander « aux établissements de type Ehpad d’aller vers un isolement individuel » pour chacun de leurs pensionnaires afin d’« aller plus loin » dans la protection des personnes âgées contre le coronavirus. Olivier Véran va aussi demander de « tester en priorité pour le virus le personnel qui travaille au sein des Ehpad ».

Déjà, « certains établissements » pratiquent cet isolement en chambre individuelle pour « protéger les personnes résidentes des Ehpad de la dissémination du virus », a-t-il indiqué.

Et « partout où ce sera possible, j’encouragerai toute démarche pour que le personnel qui travaille sans relâche déjà au sein des Ehpad puisse le moins possible sortir de ces établissements pour prendre le moins de risques qu’il revienne avec le virus », a-t-il ajouté.

Les personnes âgées hébergées en Ehpad « sont fragiles, déjà malades, les plus en danger face à la maladie virale, et notamment au coronavirus », a souligné le ministre. Il y a en France « plus de 700 000 personnes âgées en perte d’autonomie » hébergées dans « plus de 7 000 » Ehpad, a-t-il précisé.

« Le plan bleu nous a permis de prendre des mesures difficiles humainement », avec « l’interdiction des visites, l’éloignement des familles, l’identification partout où c’était possible au sein des Ehpad de secteurs dédiés aux malades atteint du coronavirus », a-t-il relevé, en notant qu’il s’était « engagé à déstocker chaque jour 500 000 masques » chirurgicaux pour ces établissements.