Et Barack Obama sortit du bois. A trois reprises, l’ancien président est passé à l’attaque. Chemise ouverte, sans cravate, confiné chez lui, il parle face caméra, devant une bibliothèque en bois blanc ornée de livres et de photos. Le cheveu a blanchi, mais le sourire est chaleureux, comme le bain de lumière que lui ont concocté les producteurs.

Samedi soir en prime time, à l’occasion d’une remise de diplôme virtuelle télévisée, Obama s’adresse aux collégiens de la nation, privés de célébration. Avec son optimisme habituel, il les exhorte à songer à l’avenir, leur remonte le moral et s’en prend au passage, sans jamais nommer son chef, à une administration qui, face à la pandémie, n’a non seulement « pas toutes les réponses » mais qui « ne se pose même pas les bonnes questions ».

Quelques jours auparavant, dans une vidéo surprise, Obama apportait un soutien inconditionnel à la candidature de Joe Biden. Puis, lors d’une conférence téléphonique avec des conseillers, il accablait Donald Trump pour sa gestion « chaotique et désastreuse » de la pandémie et accusait son successeur d’avoir rendu l’Amérique « plus égoïste, tribale et divisée que jamais ».
Obama est plus populaire que Jésus chez les démocrates, et la réapparition soudaine du messie les soulage. Ces temps derniers, même ses fans s’agaçaient de son absence, qu’ils ont prise pour une désertion. « J’en ai assez de voir Obama rester au-dessus de la mêlée quand la mêlée nous engloutit tous », écrit Drew Magary, un groupie de la première heure. Certains stratèges démocrates sont encore plus sévères : « Obama préfère naviguer sur le yacht de David Geffen plutôt que d’écouter les foutaises du Parti démocrate », lâche l’un d’eux.

A moins de six mois de la présidentielle, le parti, en mal de tribun, peine à se projeter en Joe Biden. La référence à l’ancien président fut constante dans les spots publicitaires des primaires. La quinzaine de candidats, inconnus pour la plupart, ont tous joué des coudes pour attirer son attention et obtenir, à défaut de sa bénédiction, au moins celle de ses conseils.

Confiné dans sa tour d’ivoire, Obama les a pris poliment au téléphone, mais a refusé de leur apporter son soutien. Silence calculé ou réelle indifférence ? Certains en ont retiré une impression amère. « Où est passé Barack Obama ? » est une question que le pays s’est souvent posée ces trois dernières années.

L’intuition, lucide et un peu injuste, était que le couple Obama, fortune faite grâce à leurs 65 millions de dollars empochés pour leurs livres à paraître, ainsi que pour leur contrat avec Netflix, avait rejoint le monde des « rich and famous »…