Le coronavirus et le confinement qu’il impose, c’est aussi un peu moins de déchets à collecter: une rare bonne nouvelle pour les éboueurs, dont certains effectuent leur tournée “la peur au ventre”.
La fermeture des commerces, restaurants et établissements recevant du public a réduit les déchets ménagers d’environ 25% en une semaine, indiquent des syndicats intercommunaux et entreprises prestataires.

Avec le confinement des Français chez eux et l’arrêt des marchés, le Syctom, chargé de six millions de Franciliens, anticipe encore du volume en moins, tablant sur des changements alimentaires, peut-être un recul du gaspillage… Mercredi dernier, le tonnage collecté était en baisse de 35% par rapport à un mercredi moyen.

L’activité des grandes entreprises, en contrat d’enlèvement avec des opérateurs privés, est en recul. En revanche, les déchets médicaux sont à la hausse, note Anne le Guennec, directrice générale des activités Déchets de Veolia France, qui sert un tiers des Français.

In fine, “rien d’ingérable. On a adapté quelques tournées seulement car on reste sur un taux d’absentéisme relativement faible: moins de 15%”, se félicite le groupe, comme ses concurrents.
“On assume notre travail […] mais on a la peur au ventre

Pourtant la mission des ripeurs n’est pas toujours tranquille, en dépit des applaudissements au passage des camions. “On assume notre travail malgré ce qui se passe, mais on a la peur au ventre. On fait ça parce que la ville doit rester propre,” explique Saïd, ripeur à Paris, à l’AFPTV.

Le risque, c’est juste un petit bout de mouchoir, ou un carton. C’est pour ça qu’on sollicite les gens, les riverains, pour qu’ils ne jettent pas les déchets par terre, qu’ils essaient au moins de les mettre dans les containers, au moins ça limitera un peu les risques parce que nous, on ramasse le vrac par terre,” dit-il.

Parmi les précautions prises: un accès à la cabine plus limité et des équipes qui ne se croisent plus. Dans un contexte de pénurie de masques, le gouvernement a finalement inclus ce secteur parmi les bénéficiaires. La responsable de Veolia veut rassurer: “On est sur des activités qui déjà en temps normal nécessitent de la protection, des gants, des moyens de désinfection, on a distribué du gel dans les camions…

Aujourd’hui le gouvernement et l’OMS le soutiennent: on n’a pas de dispositions supplémentaires à prendre. Après, psychologiquement, on soutient nos collaborateurs”, dit Anne Le Guennec. “On demande des masques pour les rassurer, (mais) on ne nous a pas confirmé la nécessité d’en porter”.