L’épidémie de coronavirus est responsable de plus de 8000 morts dans le pays. Et malgré la légère baisse du nombre de décès, il est trop tôt pour crier victoire. 

Le rythme des décès et des hospitalisations en réanimation semble certes ralentir en France, mais il est bien trop tôt pour crier victoire face à l’épidémie responsable de plus de 8000 morts dans le pays qui devrait connaître en 2020 sa récession la plus forte depuis 1945.

« Nous serons vraisemblablement très au-delà des -2,2% » cette année, a affirmé lundi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire en prenant comme référence la première évaluation de croissance de 2009, « plus mauvais » chiffre depuis 1945.
« C’est dire l’ampleur du choc économique auquel nous sommes confrontés », a-t-il insisté.

 

Légère baisse du nombre de morts

Au-delà de cette perspective sombre, la priorité des autorités reste le confinement qui entre mardi dans sa quatrième semaine, avec l’espoir que les premiers signes d’un ralentissement de l’épidémie se confirment.
Les hôpitaux ont en effet enregistré dimanche le nombre le plus faible de décès dans les hôpitaux (357) sur une seule journée depuis le 29 mars, portant le total à 8078 y compris les morts en Ehpad et autres établissements médico-sociaux.
Près de 7000 patients se trouvent encore en réanimation. Là aussi, les autorités ont constaté un mieux avec un ralentissement des admissions dans ces services.

Ne pas crier victoire

Mais « il ne faut pas crier victoire », a insisté lundi sur BFMTV Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Georges Pompidou, également président de la fédération LR des Hauts-de-Seine, décrivant une situation toujours « extrêmement tendue ».

« La notion de pic vous pouvez d’emblée l’enlever de votre vocabulaire. Un pic ça monte vite et ça descend vite. Là, ça monte vite et ça descendra (…) lentement », a insisté de son côté sur France Inter le directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch.

« Le terme de plateau est probablement meilleur », a-t-il noté en espérant « qu’il n’y ait pas la deuxième montagne qui arrive ou qui arrive trop vite ».

480 000 amendes dressées

Alors malgré de « petits signaux de ralentissement » et « quels que soient le résultat dans quelques jours, il faut maintenir l’effort collectif de confinement, des gestes barrière », a plaidé sur BFMTV le patron de l’Inserm Gilles Bloch.

Malgré le début des vacances scolaires de la zone C (Ile-de-France et Occitanie) et le week-end de beau temps qui laissait craindre plus de sorties des Français confinés, le ministre de l’Intérieur les a félicités lundi.
« Les Français font partie dans le monde entier, de ceux qui respectent le mieux le confinement », a assuré Christophe Castaner sur Franceinfo.
Plus de 160 000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés. Et près de 1,4 million de contrôles ont été effectués sur les trois derniers jours. Au total, depuis le début, il y a eu « près 480 000 contraventions dressées, sur 8,2 millions de contrôles », a précisé le ministre.

Submergés de malades

Malgré les derniers chiffres semblant esquisser un ralentissement de l’épidémie, les hôpitaux sont toujours sous tension.
« Je ne comprends même pas qu’on parle du déconfinement, ça continue d’arriver constamment », déplore Nathalie (prénom modifié), infirmière au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), racontant des services submergés de malades.
Une quarantaine de patients atteints du Covid-19 ont été transférés dimanche vers des régions « moins en tension », la Bretagne notamment, en trains médicalisés.
Au total, selon la DGS, plus de 610 patients dans un état critique ont été évacués depuis le 18 mars, du Grand Est et d’Ile-de-France.

L’équipe de France de football a apporté son soutien aux soignants en première ligne dans la lutte contre la pandémie. « Nous sommes tous derrière vous », « Nous chantons et applaudissons pour vous », disent Kylian Mbappé, Paul Pogda ou Olivier Giroud dans un message vidéo publié sur les réseaux sociaux.

La question de la chloroquine

Une pétition baptisée « #NePerdonsPlusDeTemps », lancée par l’ex-ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy et demandant d’assouplir les possibilités de prescription de la chloroquine –traitement dont l’usage contre le coronavirus provoque de vifs débats– a dépassé les 220 000 signatures.
Dans le Figaro, lundi, trois anciens responsables de l’Institut national du cancer, de la Haute autorité de santé et de l’Agence du médicament plaident aussi pour une « proposition de soins élargie » avec de la prescription, sous surveillance, de l’hydroxychloroquine y compris chez des malades « non inclus dans un essai clinique ».

Le monde entier à la recherche d’un remède

Dans le monde entier des scientifiques et des industriels s’activent pour tenter de trouver un remède contre la maladie qui a fait plus de 68 000 morts dans le monde (bilan dimanche soir effectué par l’AFP).
Un essai clinique doit notamment commencer mardi en France. Il s’agit de transfuser du plasma sanguin de personnes guéries du Covid-19 –contenant des anticorps contre le virus– vers des malades en phase aiguë.
Beaucoup est également attendu de l’essai européen « Discovery » qui teste quatre traitements, dont l’hydroxycholoroquine.
« On va le plus vite possible », a souligné le patron de l’Inserm, estimant que dans un scénario idéal où un traitement testé serait « extrêmement efficace », on pourrait « le voir à l’horizon de quelques petites semaines ».