Fermé depuis le 31 mars du fait de l’effondrement du trafic aérien, Orly, l’aéroport du sud de Paris pourrait le rester jusqu’à l’automne.

Les dirigeants d’Air Caraïbes, Air Corsica, French bee et de Transavia ont écrit au gouvernement pour réclamer une réouverture dès le 26 juin. Le directeur général exécutif du groupe ADP, Edward Arkwright, explique à Challenges pourquoi cela risque de ne pas être possible.

Un extrait de leur entretien:

Pourquoi ne pas rouvrir l’aéroport dès cet été comme le réclament les compagnies basées à Orly?

Nous aimerions évidemment qu’Orly rouvre le plus tôt possible. Mais pour cela, il faudrait qu’il y ait un trafic suffisant. Or, il n’y a pas encore de visibilité sur le niveau de la reprise des vols qui va dépendre à la fois de la demande des passagers mais aussi du rythme de réouverture des frontières en Europe et à l’international, sans doute beaucoup plus tardivement. Cela n’aurait aucun sens économique et financier de faire redémarrer une plateforme de la taille d’Orly, qui accueille en temps normal entre 80.000 et 100.000 passagers par jour, pour seulement quelques vols. D’autant que cela risquerait aussi d’alourdir les coûts pour les compagnies. Ces dernières peuvent transférer leurs vols à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle sans aucun problème.

Y-a-t-il cependant une chance que l’aéroport reprenne ses activités plus tôt?
On devrait connaître fin mai comment les autorités françaises et européennes envisagent la réouverture des frontières de l’espace Schengen. Si l’on observe une montée en puissance de l’activité des compagnies, il sera alors possible de s’adapter. La remise en route des activités de la plateforme peut se faire en quelques jours. L’aéroport a été fermé au trafic commercial mais il n’a pas été mis à l’arrêt. Il y a notamment près de 90 avions stockés sur les pistes qu’il faudra déplacer.

Roissy a également réduit sa voilure et serait prêt à accueillir les compagnies basées à Orly?
Tout à fait. Le trafic a en effet également fortement diminué à Roissy. Aujourd’hui, nous enregistrons près de 5.000 passagers contre 200.000 habituellement. Dans ce contexte, nous avons déjà regroupé les opérations sur les terminaux 2A, 2F et le 2 E porte K, et envisageons un nouveau resserrement. Cela permettrait d’optimiser les opérations et de faciliter le renforcement des mesures sanitaires pour les passagers et les salariés qui travaillent sur la plateforme.

Quelles sont les mesures sanitaires mises en place en préparation de la reprise?
Outre les mesures classiques prises dès le début (distanciation, masque obligatoire pour les personnels et distributeurs de gel hydroalcoolique), nous avons fermé les installations non-essentielles, comme les espaces de jeux et les zones fumeurs. Des caméras thermiques sont à l’essai à la sortie de la zone de livraison des bagages du terminal 2E, afin d’être en mesure de repérer les passagers potentiellement contaminés si l’Etat le décide. L’aviation civile a aussi décidé de supprimer les palpations aux contrôles de sécurité. En cas de doute, le passager repasse plusieurs fois par le portique de détection. Pour embarquer dans les avions, les passagers du fond de l’avion embarquent désormais les premiers. Nous avons aussi proposé aux compagnies des technologies permettant l’appel personnalisé des passagers, mais c’est à elles d’en décider.