Jamais un ancien président de la République n’avait été condamné à de la prison ferme. C’est pourtant le verdict que vient de livrer le tribunal correctionnel de Paris, à l’issue du procès de l’«affaire Bismuth», dite également «affaire des écoutes». Nicolas Sarkozy vient d’être condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis pour corruption et trafic d’influence. Cette décision historique a suscité de nombreuses réactions parmi la classe politique.
A droite, c’est l’indignation qui prédomine. Le président des Républicains, Christian Jacob, a apporté son «soutien indéfectible à Nicolas Sarkozy». «La sévérité de la peine retenue est absolument disproportionnée et révélatrice de l’acharnement judiciaire d’une institution déjà très contestée. Toute la lumière devra être faite sur les méthodes et l’indépendance du PNF (parquet national financier, ndr)», écrit le député. Si c’est bien le PNF qui a instruit le dossier contre Nicolas Sarkozy, ce n’est pas lui qui a décidé de sa culpabilité ni des peines. Ses réquisitions étaient d’ailleurs plus sévères que les peines finalement prononcées par le tribunal. Le sénateur Bruno Retailleau, lui, a dénoncé «une condamnation extrêmement dure dans un dossier particulièrement faible». «Petit rappel : il y a un droit à la présomption d’innocence tant que les voies de recours n’ont pas été purgées», a-t-il ajouté dans un tweet. «J’adresse au président Nicolas Sarkozy mon soutien, mon amitié, ma confiance et mon profond respect. Malgré ce jugement de première instance, et après sept ans de procédure, le travail de la justice n’est pas terminé», a constaté le président de la région Sud, Renaud Muselier.
Nicolas Dupont-Aignan, lui, a dénoncé un «éclatant deux poids deux mesures avec la condamnation de Nicolas Sarkozy». «Quand la justice sera-t-elle aussi sévère avec les délinquants qui trafiquent de la drogue et agressent nos policiers?», a-t-il interrogé sur Twitter. «Si vous doutiez qu’en France, la justice peut être politique vous avez désormais la réponse…», a tweeté de son côté l’eurodéputé du Rassemblement national Thierry Mariani, ancien des Républicains.
Réactions acides à gauche
A gauche, les réactions sont parfois acides. Le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, a, comme d’autres utilisateurs de Twitter, exhumé un vieux message de Nicolas Sarkozy dans lequel, candidat à sa réélection en 2012, il dénonçait la «non exécution des peines». Condamné à un an de prison ferme, Nicolas Sarkozy pourrait en effet bénéficier d’un aménagement de peine, si toutefois sa condamnation était définitive -il a fait savoir qu’il allait faire appel.
Le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou, a pour sa part fait ce commentaire sur Twitter : «On reconnaît une démocratie à sa capacité à juger ses dirigeant-es. Après Chirac, Sarkozy condamné, et la clique Guéant, Balkany et cie. La corruption mine notre pacte démocratique et coûte des milliards chaque année.»
Le communiste Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris, a pour sa part souligné l’ironie de ces différentes réactions : «Ceux qui d’ordinaire dénoncent le laxisme des juges pointent du doigt son excessive sévérité. Ceux qui habituellement dénoncent la prison lui trouvent subitement des vertus insoupçonnées. Le charme de la politique…»