Victorieuses des Allemandes au bout de la prolongation (2-1), les « Lionnes » anglaises remportent l’Euro 2022 dans leur antre londonien.

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Au terme d’une rencontre très indécise, les « Lionnes » anglaises ont finalement forcé la décision face aux Allemandes (2-1 après prolongation) pour remporter, dans le temple londonien de Wembley, le premier titre de leur histoire, en finale de l’Euro 2022 de football.

Les Anglaises retrouvaient la « Frauen Nationalmannschaft » en compétition officielle pour la première fois depuis 2009, et une finale d’Euro perdue assez largement à Helsinki (2-6). Et si les joueuses de Sarina Wiegman semblaient favorites à domicile devant 87 192 supporteurs acquis pour majorité à leur cause, l’histoire donnait aux Allemandes le rôle de briseuses de rêves. Celui-ci avait été endossé une année plus tôt par les Italiens en finale de l’Euro masculin 2021, déjà à Wembley, et déjà face à l’équipe d’Angleterre.

 

Huit fois championnes d’Europe, les Allemandes avaient jusqu’ici remporté toutes leurs finales et n’avaient jamais perdu face au pays hôte en phase finale continentale. C’est désormais chose faite, face à une nation qui remporte, hommes et femmes confondues, son premier trophée depuis le Mondial 1966, déjà à domicile, déjà face aux Allemands.

Popp a manqué aux allemandes

Et si le fameux et décisif « but de Wembley » de Geoff Hurst est encore aujourd’hui controversé, tant il est incertain qu’il ait franchi la ligne, la frappe décisive du bout du pied et pleine d’opportunisme de Chloe Kelly (110e) ne souffre, elle, d’aucune contestation possible.

Martina Voss-Tecklenburg pourra longtemps regretter l’absence de sa star Alexandra Popp. Bourreau des Bleues en demi-finale (2-1), la joueuse a quitté ses partenaires à l’échauffement, victime d’une « blessure musculaire » l’empêchant même de prendre place sur le banc. Un coup dur au vu de l’influence de la numéro 11 de Wolfsburg, co-meilleure buteuse du tournoi avec l’Anglaise Beth Mead (6 buts chacune). Sa remplaçante Lea Schüller n’a jamais réussi à peser sur la défense adverse, et a même été sanctionnée d’un carton jaune pour une énième charge à retardement sur la gardienne de but Mary Earps.

« Nous n’avons peur de personne » déclarait en avant-match Sarina Wiegman. La sélectionneuse néerlandaise a pris place en septembre 2021 sur le banc anglais avec pour seule mission de gagner, elle qui avait mené les Pays-Bas au titre européen en 2017 et à la finale du Mondial 2019. Ses joueuses ont donc démarré la partie pied au plancher, avec beaucoup d’intensité dans les duels et une première situation chaude mal exploitée par Ellen White de la tête dans la surface (3e).

Derrière, les Lionnes ont maintenu une emprise stérile sur le jeu, avant de voir les Allemandes – pourtant inoffensives – sortir petit à petit la tête de l’eau, au point de se procurer l’occasion la plus dangereuse de la première période. Sur un cafouillage aux cinq mètres après un corner mal dégagé par la défense anglaise, Marina Hegering aurait pu ouvrir le score si elle avait mieux orienté son pied face au but (25e).

Un salut anglais venu du banc

Face à sa ligne d’attaque atone, Sarina Wiegman a eu la lucidité de faire deux changements précoces, avec les sorties d’Ellen White et Fran Kirby au profit des « super-subs » (super-remplaçantes) Ella Toone et Alessia Russo, cinq buts et deux passes décisives à elles deux depuis le début du tournoi, à chaque fois en entrant en cours de match.

Et c’est bien Toone qui plante la première banderille, d’un contre ravageur conclu d’un lob subtil (62e), alors que l’Angleterre repoussait tant bien que mal les assauts adverses. L’égalisation de Lina Magull (79e) sur un superbe mouvement collectif initié par un festival de Kathrin-Julia Hendrich le long de la ligne de touche rappelait de mauvais souvenirs à Wembley, théâtre d’une nouvelle prolongation à couper le souffle. Et si les trente minutes supplémentaires ont livré très peu d’enseignements dans le jeu, l’Angleterre a su terminer le travail, encore une fois grâce à la qualité de son banc.

Entrée à la place de la meilleure joueuse anglaise du tournoi, Beth Mead, Chloe Kelly a su garder la tête froide, du haut de ses 24 ans, pour porter l’estocade d’un but plein d’opportunisme du bout du pied (110e). Au total, sept buts anglais sont venues de remplaçantes durant cet Euro. « Un tournoi ne se gagne jamais à onze », rappelait au Monde l’internationale française Louisa Nécib. Ce soir, c’est tout un pays qui l’emporte et qui devrait fêter ce premier titre jusqu’au bout de la nuit londonienne.