le monde de la mode est en deuil en ce mardi 9 août…  le célèbre designer japonais Issey Miyake est décédé à l’âge de 84 ans, laissant derrière lui une impressionnante carrière dans la mode, marquée par sa fameuse technique de plissage du tissu, qu’il développe au début des années 1990 et qui rappelle l’art de l’origami japonais.

Une employée de son bureau à Tokyo a confirmé la triste nouvelle à l’Agence France-Presse : “Il est mort dans la soirée du 5 août”, a-t-elle confié à nos confrères au téléphone, refusant que son nom soit cité et sans donner plus de détails sur son décès.

Né à Hiroshima en avril 1938, Issey Miyake connaît des évènements traumatisants durant son enfance : il a 7 ans lorsque le 6 août 1945, la première bombe atomique de l’histoire explose à trois kilomètres de là où il habite… en 1948, il perd sa mère, qui succombe à ses brûlures recouvrant la moitié de son corps, causées par les radiations. Lui-même souffre d’une maladie osseuse, une périostite, quand il atteint l’âge de 10 ans, se trouvant entre la vie et la mort durant plusieurs mois.

Dans une rare interview accordée en décembre 2015 au quotidien nippon Yomiuri Shimbun le designer avait expliqué qu’il avait longtemps été persuadé qu’il non plus ne vivrait pas longtemps, voyant beaucoup de jeunes gens disparaître autour de lui suite aux repercussions de la bombe atomique.

Il s’était alors promis d’accomplir tout ses rêves avant l’âge de 30 ou 40 ans en se disant : “Je ne me servirai pas de la bombe atomique comme excuse”, avait-il déclaré.

Le premier designer japonais a présenter ses collections à Paris
La chance lui sourit enfin quand il intègre en 1958 la prestigieuse Université des Beaux-Arts de Tama, située à Tokyo, où il étudie l’architecture, le graphisme et le design industriel, qui influenceront plus tard ses collections.

Issey Miyake s’installe ensuite à Paris en 1965, et fait ses armes à l’école de la Chambre syndicale de la Couture parisienne, puis auprès d’Hubert de Givenchy et de Guy Laroche. De retour au Japon, il fonde sa maison de couture éponyme en 1971.

Les évènements de mai 1968 perturbent alors les notions de beauté et d’esthétique qui faisaient loi jusqu’alors dans la capitale française, et le jeune designer se nourrit de cette période de chamboulements pour innover et créer des vêtements novateurs, marqués par un sens de la logique et un emploi de matériaux inédits, comme le plastique. Il a été le tout premier styliste japonais à présenter une collection pour la Fashion Week de Paris en 1973.

Le couturier prend sa retraite en 1997, expliquant vouloir se consacrer entièrement à la recherche, et laissant les rênes de sa maison à son assistant Naoki Takizawa en 2000. Il sera remplacé par Dai Fujiwara six ans plus tard.

 

Les grands succès d’Issey Miyake
Ce qui a surtout fait le succès d’Issey Miyake, ce sont ses vêtements créés dans une seule pièce de tissu (A-POC, A Piece Of Cloth), sans couture, qui favorise le mouvement et le confort. Il met au point sa technique du plissé, qui deviendra l’un des essentiels de sa marque, pour sa ligne Pleats Please, créant ainsi des pièces infroissables.

Cette ligne lancée en 1993, a été mise au point initialement pour les danseurs du Ballet de Francfort, alors dirigé par William Forsythe. Il développe au cours des années 1990 et 2000 quelques parfums, tels que L’Eau d’Issey, un best-seller, et à partir de 2010, une ligne de sacs géométriques appelée Bao Bao.

Il a également produit les fameux cols roulés noirs de Steve Jobs, qui sont devenus la signature de son style.