Alors que le gouvernement envisage un confinement de quatre semaines, qui pourrait être annoncé ce mercredi soir, la confédération des commerçants de France estime que “ce serait une catastrophe”.

“Ce serait une véritable catastrophe”, déclare Francis Palombi, président de la confédération des commerçants de France sur franceinfo mercredi 28 octobre, inquiet d’un éventuel reconfinement. Le président de la République prend la parole à 20h ce mercredi pour évoquer les nouvelles mesures contre le Covid-19. Le gouvernement penche pour un confinement de quatre semaines, selon les informations de franceinfo. Les commerçants réclament des dérogations sur les jours d’ouvertures et “un soutien de l’Etat au-delà de toute limite”.

franceinfo : Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à quelques heures de l’allocution du président sur un possible reconfinement ?

Francis Palombi : C’est une véritable catastrophe. C’est l’effondrement du commerce physique, du commerce de centre-ville. Les commerçants sont déjà particulièrement affectés par le premier confinement qui a été très dur. On s’en souvient encore. Et là, ça recommence. Si le confinement est total, si des mesures sanitaires renforcées ne laissent pas la place à l’ouverture des magasins, avec certes un certain encadrement que nous concevons, il n’y aura plus d’économie, les rues redeviendront désertes, il y aura des faillites à profusion. Comment pourra-t-on faire face, même avec les grandes dépenses de l’Etat? Nous demandons à ce que les commerces physiques ne soient pas obligés de fermer. Nous sommes vraiment, totalement mobilisés contre un confinement total. Ce sera l’apanage, la grande victoire du commerce numérique, comme Amazon, comme Alibaba et d’autres. Pendant le confinement, en trois mois, ils ont plus progressé qu’en trois ans. Amazon a réalisé 83% de ventes en plus en avril par rapport à 2019 dans le non-alimentaire.

 

Quels aménagements et quelles dérogations vous espérez idéalement ?

Nous concevons que, par exemple, les horaires du couvre-feu soient modifiés, même si c’est très impactant pour la restauration et les bars. On le sait, ils sont sur la sellette depuis des semaines et des semaines. Pour le secteur du jouet, par exemple, nous demandons que ce secteur soit considéré comme produits de première nécessité afin de ne pas fermer et de ne pas laisser la place aux grandes surfaces de vente de périphérie et au grand commerce numérique. Nous souhaiterions que les samedis, les magasins ne soient pas fermés. Et si d’aventure nous n’étions pas écoutés, par rapport au confinement total, nous souhaitons bien sûr un soutien de l’Etat au-delà de toute limite et très rapidement. Il ne faut pas que les commerçants attendent plusieurs semaines avant que les ordonnances tombent.

Entendez-vous pour autant l’argument sanitaire avec cette épidémie qui se propage rapidement ?

Bien sûr, tous les jours, on est suspendus aux radios et télévisions, aux informations qui tombent très régulièrement. Mais le confinement total? Non, on ne peut pas. La France va s’écrouler si toute l’économie s’écroule malgré le soutien du gouvernement. Mais jusqu’où va-t-il aller ? Nous sommes des entrepreneurs. Nous ne sommes pas dans l’attente d’être tout le temps aidés. Nous voulons faire notre métier de commerçant et nous préserver de la concurrence des grands du numériques qui, compte tenu des circonstances inédites, devient une concurrence déloyale. Nous demandons à l’Etat de les empêcher de faire des grosses promotions. Nous demandons à l’Etat de demander une forme de solidarité aux grands du numérique. Sinon, cela va accentuer encore l’écroulement des commerçants indépendants, les plus petits et les plus fragiles.

(Franceinfo)