Le Parlement turc a adopté mercredi un projet de loi soutenu par le gouvernement destiné à réguler les contenus publiés sur les réseaux sociaux, une mesure vue par ses détracteurs comme un moyen supplémentaire pour les autorités d’Ankara de faire taire les dissidents.

Le parti islamo-conservateur au pouvoir, l’AKP du président Recep Tayyip Erdogan, qui dispose de la majorité parlementaire grâce à son alliance avec les nationalistes, soutenait le texte, à propos duquel les débats ont commencé mardi. Son adoption a été annoncée sur le compte Twitter du parlement.

La nouvelle loi impose aux réseaux sociaux étrangers de nommer des représentants basés en Turquie pour répondre aux préoccupations des autorités sur les contenus, et elle prévoit des ultimatums pour le retrait de ceux auxquels les autorités s’opposent.

Selon le texte, les contrevenants s’exposent à des amendes, interdictions de publicités ou encore des coupures d’accès.

La majorité des médias grand public turcs étant passés sous le contrôle du gouvernement ces dix derniers années, les Turcs se tournent désormais vers les réseaux sociaux et les petits sites en ligne pour pouvoir accéder à des opinions critiques ou à une information indépendante.

Les Turcs sont déjà massivement surveillés sur les réseaux sociaux et nombre d’entre eux se sont retrouvés devant la justice sur la foi de leur publication, notamment pour insultes au chef de l’Etat. Avant l’adoption du projet de loi, un porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a déclaré que le texte “donnerait à l’Etat des outils puissants pour raffermir son emprise sur les médias”.

Pour Ibrahim Kalin, porte-parole de la présidence turque, cette loi ne vise pas à établir la censure mais à offrir aux plates-formes de réseaux sociaux un cadre commercial et juridique.

Recep Tayyip Erdogan a critiqué à plusieurs reprises les réseaux sociaux et a déclaré que la hausse des “actes immoraux” en ligne ces dernières années était liée à une absence de réglementation.